Le petit Peuple (Sepia) 1. Bera et les Granjans

L e problème de Bera est de « taille » ! Pourquoi son peuple est-il si minuscule en comparaison d'une espèce semblable à la sienne vivant à quelques enjambées, et qui, elle, est entièrement composée de géants ? De plus, pour quelle raison leur est-il formellement interdit de les fréquenter alors qu'une entente cordiale entre ces deux races pourrait être bénéfique pour tout le monde ? Contre l'avis des aînés, la jeune lutine que la curiosité a assez démangé, a décidé de braver le danger et de partir à la rencontre de ceux qu'ils appellent les Granjans.

En axant principalement son synopsis sur la disproportion entre les humains et les lutins, ainsi qu'en évitant soigneusement de le surcharger avec de multiples artifices liés au folklore et aux croyances populaires de certaines régions, Sépia restreint son imagination et se borne à décrire et dévoiler un univers basique sur fond de trame élémentaire. Mais, et souvent vérifiable, c'est en faisant simple que le charme opère et que l'intrigue se révèle être imparable et la plus accrocheuse. Légèrement saupoudré de quelques trouvailles originales et séduisantes, le récit enchante et parvient à embarquer rapidement le lecteur au côté de l'héroïne. De plus, identique à des interludes, la présence judicieuse de séquences explicatives sur la généalogie ou autres passages nécessitant un éclaircissement, renforcent l’intérêt et la crédibilité du propos et de l’aventure.

Scénariste mais également dessinateur sur ce premier album édité chez Paquet, l'auteur, autonome, un tantinet rêveur et buissonnier, aime travailler à l'encre de Chine, à l'aquarelle et avec des crayons de couleur. Il se dégage de ses très jolies planches une nette impression de fraîcheur, de naïveté et de poésie, en parfaite adéquation avec la quête de son démon de poche, espiègle et malicieux.

Annoncée en trois épisodes, cette première fenêtre qui s’ouvre sur ce monde et son petit peuple est aussi bien destinée aux lutins de 7 qu'aux « Granjans » de 77 ans. Il est vivement recommandé de s'y engouffrer.

Moyenne des chroniqueurs
7.0