Les mantes Religieuses 1. L'évasion de l'araignée

E n 1468, le transformiste et voleur à la tire Arnaud Archambelle est sauvé du bûcher pour une raison inconnue de lui. Par ailleurs, Blanche de l’Oye quitte le château familial dans le secret. Les deux se retrouvent au couvent de la Congrégation des Sœurs Contemplatives de Sainte Marie-Madeleine. Là, l’abbesse Pulchérie de la Passion confie une mission au duo : direction Péronne pour aller délivrer le roi Louis XI, trahi et enfermé par son cousin Charles le Téméraire. Le tandem de néophytes, déguisés pour l’occasion en religieuses, tâchera cahin-caha de mener à bien sa tâche, essayant de surmonter ses différences et ses dissensions. Blanche est aussi courageuse et sagace qu’Arnaud est pleutre et gaffeur. L’aventure s’annonce mouvementée.

Cette nouvelle série est écrite par la romancière et scénariste belge Sophie Flamand, dont c’est la première contribution au neuvième art, et Bernard Swysen (Rouletabille et Albert Lombaire). S'octroyant d’immenses libertés avec l’histoire et faisant le choix du burlesque et du loufoque, ils prennent soin d’éviter toute crédibilité et tout sérieux. Nulle velléité ici de susciter l’identification ou la réflexion, rire étant le seul objectif. Empruntant à l’esprit rabelaisien, à Buster Keaton et à Goscinny, Les Mantes Religieuses est le royaume de la blague potache, de la plaisanterie en dessous de la ceinture et des situations grotesques. Pour autant, l’intrigue est construite et le côté roman-feuilleton séduit. Christian Paty (Damoiselle Gorge et La Cicatrice du souvenir) illustre cette aventure d’un dessin à la fois réaliste, dans les décors et accessoires, et expressif dans les visages des protagonistes. Il soutient parfaitement l’équilibre entre le réalisme précis d'une reconstitution d'un monde révolu, l’énergie des péripéties et la dynamique de l’humour. Chaque planche est un plaisir pour les yeux.

Louis et son araignée, Blanche et sa chouette, Arnaud et sa maladresse embarquent le lecteur dans une fantaisie plaisante au dessin riche, s’inscrivant parfaitement dans une tradition franco-belge d’aller chercher dans un lointain passé un cadre à un comique bien contemporain. Les Mantes Religieuses seront l’objet d’un consensus au sein de la famille et sauront parler à plusieurs générations.

Moyenne des chroniqueurs
6.0