Esteban 1. Le Baleinier
E
steban a quelque chose à prouver au monde. Sur les derniers conseils de sa mère, il parvient à se faire enrôler sur le Léviathan, baleinier chassant au large du Cap Horn. En quête de reconnaissance, il va s'attirer la sympathie du capitaine et partager avec l'équipage la rigueur d'une vie de forçat. Esteban sait qu'il deviendra un grand harponneur. Du haut de ses 12 ans, il n'attend plus qu'une occasion pour le prouver !
Matthieu Bonhomme nous propose de découvrir un métier, une époque, et une des régions les plus rudes au monde. À travers le parcours initiatique qui fera d'Esteban un homme, l'auteur place les détails qui remplissaient le quotidien de ces hommes d'exception. Loin de l'archétype du marin bourru et bas du front, on découvre un équipage soudé autour de son capitaine. Qu'ils se soient jetés à la mer de dépit ou en quête de défis mystiques, ces hommes sont autant d'individus au passé que l'on devine chargé. Matthieu Bonhomme nous les décrit à l'occasion sentimentaux lors d'une veillée illuminée par les envolées lyriques du capitaine.
Le dessin détaille d'une manière que l'on devine fidèle les scènes de chasse. La tension est bien réelle. Imaginez six hommes sur une barque, balayés par les lames, traquant au harpon un monstre invisible, tapis dans les eaux noires et déchaînées du Cap Horn. La colorisation de Delphine Chedru et les ombres crayonnées achèvent de donner à ces moments de pure aventure leur aspect de gravure.
La chasse terminée, on découvre, en même temps que l'apprenti marin, le dépecage de la baleine et le gigantisme d'une telle entreprise. Au loin, la sirène des premiers baleiniers à moteur retentit et laisse nos marins pensifs. La fin d'une époque a sonné. Dans ces moments précis, l'album aménage naturellement les vertus d'un récit à la fois ludique et pédagogique.
Le Voyage d'Esteban est une aventure humaine d'une qualité rare, accessible à tous par le soin de sa réalisation et l'intelligence de son propos.
7.8