Londonish
M
ax et Glenn sont les meilleurs amis du monde. Le premier est un jeune retraité qui, pour s'occuper, a décidé sur un coup de tête d'assurer le transport de mallettes aux contenus douteux. Le second, propriétaire du Yellow Sub Marine, s'emploie à faire tourner son bar du mieux possible. D'excellents copains, vraiment ? En apparence seulement, car entre eux deux, il y a une femme et la découverte d'une photographie abimée par le temps qui va remettre beaucoup de choses en question et semer une belle pagaille.
D'un côté, il y a l'histoire d'une mauvaise rencontre et de l'autre, celle qui aurait dû être concrétisée des années plus tôt. Des choix et des trajectoires de vies pas toujours très judicieuses, ne pouvant être modifiées ou réparées et qui engendrent soupçons, discordes... et bien pire. Philippe Charlot (Le Cimetière des Innocents, Le Train des Orphelins) pose ses acteurs et son action au sein d'un Londres encore sous la très haute influence des Beatles et des Rolling Stones. De l'amour à la haine il n'y a qu'un pas que n'importe qui est capable de franchir pour peu qu'il ait, selon son propre avis, une excellente raison de le faire. Maigre à ce stade de la lecture, la partie polar souffre d'un manque de crédibilité, comme si elle se cherchait un véritable mobile. En revanche, l'introspection sur le relationnel et l'amitié, à travers un propos et un ton qui oscillent en permanence entre humour et gravité, est suffisamment décortiquée pour susciter l'émoi et déclencher une attention de tout instant.
Les couleurs choisies, au-delà de leur rôle primaire, apportent une réelle utilité dans la perspective et le relief recherché par l'auteur, Miras (Miroslav Urbaniak), lequel enregistre après Ellis Island, sa seconde collaboration avec le scénariste. L'ambiance feutrée des cases dans lesquelles l'éclairage des luminaires tient une place prépondérante, le floutage des arrières plans pour ajouter une dimension supplémentaire aux personnages ainsi que les contours appuyés rendent un dessin de très bonne facture.
Puisque « le mariage c'est la guerre », le crime en bande organisée peut-il être le vecteur d'une éventuelle réconciliation ? That is the question que Londonish élucide à sa façon et avec pertinence.
6.0