Eco

D ans le Diable en personne, sorti en 1989, Robert Lalonde écrivait : « La vie est un conte de fée qui perd ses pouvoirs magiques lorsque nous grandissons ». Cette citation peut s’appliquer à merveille pour l’histoire d’Eco.

Petite fille unique et introvertie du couple Schaklebott, les meilleurs tailleurs de la ville, Eco passe son temps seule délaissée par ses parents. Aussi lorsque son père lui confie une livraison importante auprès du premier ministre, elle saute de joie et prend à cœur de livrer le coffret tant attendu par l’homme d’État. Hélas, le destin en décidera autrement…

La présente version comporte l’intégralité des trois tomes de la série. Cela est fortement plaisant, car une fois ce récit commencé, il est impossible de le lâcher. Guillaume Bianco s’amuse des codes des contes et de leur noirceur. Son découpage scénaristique est ainsi fait, que le lecteur suit la chute d’Eco, puis son cheminement dans le temps. Le récit est profond. La conception du temps et son rôle dans l’histoire sont habilement menés jusqu’à la fin. Les lecteurs y verront aussi une ode subtile au corps féminin, à sa transformation et à son acceptation, à travers le traitement du personnage principal. Ces thèmes sont admirablement servis par les magnifiques traits et couleurs de Jérémie Almanza. Il est difficile de ne pas tomber sous le charme des dessins et de la frimousse des personnages. Le tout donnant une ambiance graphique réunissant celles de Tim Burton et de Neil Gaiman. Quel tour de force !

Comme tout conte, Eco peut avoir une vertu pédagogique, tout du moins faire passer des messages aux jeunes lecteurs. Parmi ceux-ci, il est possible de retenir la manière de se construire dans un contexte de violence familiale, et celui de la fin de l’enfance avec les changements de son corps. Eco, la femme-enfant, devenant ainsi le miroir (autre élément clef du récit) des jeunes filles qui liront cette histoire.

Une intégrale qui ravira les fans (grands et petits) de contes légèrement gothiques et fantastiques avec une touche de poésie.

Moyenne des chroniqueurs
8.0