Ma vie sans Billie

L ucas est plutôt timide et réservé. Il mène une petite existence tranquille entre son boulot de maître-nageur à la piscine et son appartement où il s’occupe de ses poissons rouges. Lorsqu’elle débarque chez lui, il voit d’un mauvais œil le retour soudain dans sa vie de sa sœur Billie. Il faut dire que la jeune femme est son exacte opposée : bavarde, démonstrative et pour le moins envahissante. Elle amène avec elle une nouvelle qui va laisser Lucas sens dessus dessous : maman est malade, elle n’en a plus pour très longtemps…

Certains sujets sont plus ou moins légers et aisés à aborder, y compris (surtout ?) en bande dessinée. Celui d’une relation toxique entre une mère et son fils est assurément de ceux qui nécessitent un gros travail et une parfaite maîtrise du medium. Pour sa première BD, Alice VDM s’y attelle avec talent. Elle y met en scène un personnage complexe et, de toute évidence, torturé affectivement. Ayant coupé les ponts avec sa génitrice, le protagoniste embarque le lecteur dans son âpre dilemme entre le souvenir douloureux d’une enfance pesante et la culpabilité de s’être détourné de sa propre mère. Soulevant de multiples questions, l’histoire se garde bien d’y apporter quelque réponse universelle. Chacun-e en aura sa lecture, avec sa sensibilité propre. Le trait simple et relâché (sans pour autant être approximatif) sert en tout cas parfaitement le récit. Outre les multiples détails qui jalonnent les planches, c’est surtout la liberté (et le jeu) prise avec les proportions qui s’avère particulièrement remarquable (et entretient la confusion entre réel et imaginaire).

Touchant et profond, Ma vie sans Billie est une belle découverte qui invite à suivre avec le plus grand intérêt le travail à venir de sa jeune auteure.

Moyenne des chroniqueurs
7.0