Demain les oiseaux

L ’œuvre du Kami no manga regorge de pépites qui illustrent toutes les facettes de son immense talent. Demain les oiseaux est un manga d'un puissance inégalée qui tranche avec les travaux destinés au grand public réalisé par cet auteur.

Au gré des dix-neuf chapitres composant ce one-shot, Tezuka narre la déchéance et le déclin de l'humanité au profit des nouveaux maîtres de la planète: les oiseaux. Grâce à une étrange substance, ceux-ci deviennent de plus en plus intelligents jusqu'à entrer en guerre et soumettre l'humanité. L'homo sapiens commence alors son inexorable déclin jusqu'à redevenir animal. Mais les oiseaux, choisis par un spécialiste extraterrestre pour dominer la Terre, se montreront-ils plus aptes et plus forts que l'espèce humaine ? Rien n'est moins sûr...

Le mangaka offre aux lecteurs une profonde critique des sociétés de son temps mais aussi de l'histoire de l'humanité. Pour cette dernière, il opte pour une conception cyclique, à l'instar de la civilisation grecque. De ce fait, l'éternel recommencement est la ligne scénaristique qui sous-tend les chapitres, ce qui lui permet des ellipses. En effet, le récit n'est pas continu, il entraine loin dans le temps. Ceci afin d'emporter le lecteur de l'âge des hommes à celui des oiseaux qui suivra les mêmes phases que le précédent. Poussant loin la critique, les mentalités et les sociétés subissent les foudres de l'auteur dont le propos n'est cependant jamais moralisateur. Bien au contraire, il amène à constater et le lecteur est invité à réfléchir. Dans cet album, tout les aspects sociaux sont disséqués et analysés pour pouvoir être critiqués. Qu'il s'agisse des hiérarchies sociales, du non-respect des différentes formes de vie, ou que ce soit le racisme, Tezuka montre les maux qui minent son époque et qu'il devinait comme étant imprescriptibles. Le chapitrage donne la sensation d'une chute vers un destin inéluctable, ce qui ajoute au côté sombre du manga. Même le trait rond et chaleureux habituel devient ici plus sec au fur et à mesure des chapitres.

L'album est sorti dans la collection lancée pour l'anniversaire du maître par Delcourt/Tonkam. Le papier est de qualité et il est relié (et non pas collé), la couverture en carton dur bénéficie d'une jaquette retravaillée par rapport à l'édition précédente. Le format est plus grand que celui de la version de 2006 proposée par Akata, ce qui augmente le confort de lecture et rend hommage au travail de l'auteur. Enfin, la préface du traducteur apporte un éclairage et une mise en contexte fort pertinente à la lecture.

Un titre culte du Dieu du manga, indispensable pour les ses fans, mais aussi pour les amateurs de récits sociétaux et philosophiques

Moyenne des chroniqueurs
7.3