Spawn (Delcourt) De sang et d'ombres

De sang et d'ombres est faite cette bâtisse délabrée, ancien asile, et encore plus ancien cimetière mohawk. C'est pourtant dans cet immeuble qu'ont choisi de vivre le couple Léa-Camille, l'une inspecteur, l'autre strip-teaseuse. Les voisins promettent, Léa a du mal à se faire à son nouvel appartement. Ce ne serait doute pas si difficile si en plus il n'y avait pas cette enquête sur ce tueur psychopathe...

Sauvés par le sang ? Que reste-t-il donc à sauver au milieu des cendres, après que la fin des temps soit venue ? Newhope, dernier refuge des derniers humains, porte-t-il bien son nom ? Les voies du seigneur sont on ne peut plus impénétrables...

Deux nouvelles, une plongée en plein cauchemar noir, poisseux et malsain, voilà ce que nous proposent Paul Jenkins, Alan Mc Ellroy, et le talentueux Ashley Wood. Graphiquement, c'est un univers très maîtrisé qui s'offre à nous sous le crayon de Wood, dans un style à mi-chemin entre Mc Kean (Des loups dans le mur) et Templesmith (30 jours de nuit). Les couleurs, à la fois froides, métalliques, passant par tous les tons de gris, marrons, rouges ou sépias, participent activement à cette ambiance étouffante propre aux meilleurs contes horrifiques.

De personnage actif et central, Spawn s'est progressivement mué au fil des ans en quasi-abstraction à l'image du Dream de Neil Gaiman, seigneur des rêves. S'il est permis avec Sandman de faire de "beaux rêves", Spawn, ancien humain, est une créature infernale, et en tant que telle, son domaine est l'angoisse. Désormais véritable catalyseur des histoires où il apparaît, il révèle les gens à leur personnalité profonde, à leur culpabilité enfouie. De l'aveu même de Todd Mc Farlane (ndlr : créateur du personnage), Spawn entre ici dans l'âge adulte, à mille lieux de ce film raté produit il y a quelques années.

Priez pour que Spawn ne s'invite chez vous que simple prisonnier entre deux pages de papier glacé, nul doute qu'alors les portes de votre imaginaire lui seront alors grandes ouvertes.

Moyenne des chroniqueurs
7.0