Go West Young Man

Pale Rider œuvrait seul ; Le bon, la brute et le truand sévissaient à trois ; Les sept mercenaires dégainaient... à sept ! Pour Go West young man, les dix-sept meilleures gâchettes du genre se sont réunies pour ce nouveau convoi des braves : Dominique, Michel, Benjamin, François, Steve, Paul, Eric, Hugues, Enrico, Ralph, Félix, Patrick, Christian, Michel, Olivier, Ronan… The show can go on !

Avec un casting aux allures de superproduction hollywoodienne, Tiburce Oger scénarise un récit choral de quatorze chapitres qui, sur cent soixante-quinze ans, traverse le Nouveau Monde de part en part, avec pour fil rouge, non pas une Winchester '73, mais une montre qui, en passant de main en main, se fait le témoin des douleurs et des espoirs de ceux à qui elle a appartenu.

Le Western est revenu à la mode et plusieurs de ses représentants emblématiques du Vieux Continent ont accepté de chevaucher de concert sur cet album pour y imprimer, chacun avec son style, leur marque. Toutefois, au-delà de l’aspect visuel que les aficionados sauront apprécier à sa juste mesure, il faut revenir sur ce qui semble être l’intention première du scénariste de Buffalo runner : retrouver le réaliste du (vrai) Far-West. Dès qu’il s’agit de la conquête de l’Ouest, l’imaginaire collectif est imprégné de stéréotypes : le cowboy vertueux, toujours propre sur lui ; la belle ingénue apeurée prête à s’offrir à son sauveur moyennant quelques égards envers sa personne ; l’indien, bon tant qu’il reste dans sa réserve et sauvage dès qu’il en sort, le méchant patibulaire et machiavélique ou bien encore la pute au grand cœur… La réalité devait être beaucoup moins manichéenne et, en ces temps plus que chaotiques, le Bien a du probablement se parer de nombreuses nuances de noir. L’époque avait ses références qui n’ont plus cours. Ceux qui débarquaient sur la côte Est, apportaient avec eux leur pauvreté et leurs rêves de jours meilleurs avec pour seule règle, celle du plus rapide et du plus fort… ce que le mythe américain a adouci en le doublant d’un puritanisme censé produire une nation à partir d’individualité. Et si le cinéma sut en jouer de nombre de variations, il le fit par rapport au regard de ceux qui se tenaient derrière la caméra et non pas par rapport à l'éthique qui prévalait en 1800 ou lors de la ruée vers l’or. En cela le scénario que propose Tiburce Oger s’inscrit dans une vision des choses vraisemblablement plus en phase avec la véracité historique et plus proche du point de vue d’un Sydney Pollack avec Jérémiah Johnson ou d’un Kevin Costner dans Danse avec les loups que de ce qui prévaut dans Rio Bravo ou Le train sifflera trois fois.

De la boue ensanglantée de Fairfax aux immensités glacées des Rocheuses, les tragédies qui s’y jouaient et les paysages qui leur servaient de décors possédaient une dimension à la fois épique et humaine que Go West Young man met superbement en valeur.