Abby & Walton

E n 1853, quelque part en Angleterre, dans un hôtel sis en haut d’une falaise battue par les vents, Abby passe de longues journées ennuyeuses à broder auprès de sa mère convalescente. Attirée par l’arrivée d’un couple âgé, elle sort de sa suite et profite de l’inattention des adultes pour errer dans les couloirs où elle met la main sur un médaillon. Rejointe par Nate, le groom, elle apprend que la chambre 21 a été condamnée suite au décès de celle qui l’occupait. Il n’en faut pas plus à la jeune fille pour décider d’y pénétrer. À l’intérieur, tout est resté en l’état et en jouant avec les possessions de la défunte, Abby finit par embrasser un portrait. Aussitôt un certain Walton White émerge du tableau. Ancien soupirant d’Andhara, il abreuve l’adolescente de paroles si mielleuses que cette dernière décide de s’en débarrasser par tous les moyens, quitte à aller jusqu’aux portes de la Mort pour cela.

Un lieu isolé, une héroïne au caractère affirmé, des personnages secondaires bien campés, un registre fantastique lorgnant sur le gothique mais assaisonné d’une large dose d’humour : la potion concoctée par la scénariste Anaïs Halard a quelque chose d’alléchant. En quelques cases, le décor est planté et, déjà, les premiers éléments-clés sont intégrés, de manière presque fortuite. Fluide, le récit intègre diverses péripéties allant crescendo et s’oriente vers un dénouement attendu, certes, quoique bien amené. Par ailleurs, la personnalité décidée et avide d’aventure d’Abby conquiert assez aisément, tandis que Walton se montre convaincant dans son rôle de pot de colle agaçant. Sans réellement faire frémir, les créatures de l’au-delà ne sont pas en reste et leurs interventions souvent comiques donnent de l’allant au propos, tout en dédramatisant l’histoire. Côté dessin, celui de Georgia Casetti accompagne agréablement le propos. Son trait souligne volontiers les émotions diverses des protagonistes, en exagérant leurs expressions. Ce faisant et apparié à un découpage maîtrisé et des cadrages variés, il anime joyeusement les personnages. La mise en couleurs est à l’avenant et crée quelques belles ambiances nocturnes et plus saisissantes, tout en évitant de véritablement effrayer.

Destiné au jeune public, Abby et Walton est un album plutôt bien mené et pourra offrir un chouette moment de lecture faisant peur mais pas trop, à l’occasion d’Halloween.

Moyenne des chroniqueurs
7.0