Ishanti - Danseuse sacrée 1. Les Larmes d'Isis
L
’Égypte Antique, époque où les Dieux se mêlaient encore des affaires humaines, pour leur plus grand malheur. Ishanti, danseuse sacrée, va être impliquée, bien malgré elle, dans les combines du grand vizir Razor, lui-même manipulé en second plan par Anubis et sa clique. Tous agissent dans un seul but : ravir à la déesse Isis son immense pouvoir en rassemblant les vestiges de son corps mortel.
Ishanti est le premier tome d’une série inoffensive… Quoique.
Graphiquement, le style se fond parfaitement dans le flot de la production actuelle. Lisse, cadrant au mieux les rondeurs de l’héroïne, les esquisses de Crisse retouchées par la patte informatique de Besson offrent un dessin régulier et uniforme en qualité. Tout juste peut-on regretter le strabisme persistant des donzelles, ainsi que leur hydrocéphalie plus ou moins prononcée. Mais il s’agit là d’une question de style.
Le scénario et l'intention des auteurs posent plus problème. Si l’idée d’impliquer une danseuse dans les manigances divines peut apparaître originale, il reste cependant à la concrétiser. On attend vingt, trente, quarante pages que la belle justifie sa présence au milieu de ce rassemblement de Dieux assez antipathiques. Au final, Ishanti trouve sa place dans les seconds plans, uniquement. Jamais elle n’aura de prise sur des évènements qui, visiblement, la dépassent. S’agissait-il d’un tome d’initiation ? Toujours est-il qu’Ishanti semble déjà condamnée à ne s’agiter que selon le bon plaisir de Pharaon. Le véritable héros, un prêtre de l’Invisible, prononcera en guise de conclusion : « Je t’ai vue danser. Tu as beaucoup de talent. Tu seras une grande danseuse ». Voilà qui semble entendu. De là à ce qu’elle change la face du monde…
Si l’initiative d’annoter en bas de page la signification de la plupart des noms propres et mots-clés égyptiens est la bienvenue, on regrette un certain relâchement au niveau des dialogues. Les expressions anachroniques côtoient les jeux de mots plus ou moins inspirés (« L’auto-satisfaction de ce vizir lessivé m’étonnera toujours. »).
Reste un calembour malheureux dans la bouche de Tyi, l’ami d’Ishanti, qui décidemment ne passe pas. Le garçon, découvrant un mur effrité sous le poids des âges, nous gratifie d’un « C’est bien du travail de nubien, ça… ». Bêtise crasse ou tentation trop forte de placer un énième « bon mot » ? Peut-être peut-on, tout simplement, l’oublier, et faire de même avec l'album.
3.4