De Polyamour et d'eau fraîche

E lsa Herbert, Cristina Rodriguez Echevarria et l’artiste Cookie Kalcair ont vécu dix-huit mois en « trouple ». Afin de répondre aux questions qui taraudent leurs familles, leurs amis ou simples connaissances, ils construisent (en trio toujours) un espace de réponse sur le réseau social Instagram (accessible via le compte @holy_poly_macaroni). Les publications d’un strip de quatre vignettes soutenu par un texte rencontrent un succès grandissant. Ces papiers illustrés présentent, à qui veut bien les découvrir, la « normalité » de leurs sentiments.

À partir de ces posts, les éditions Steinkis confectionnent un ouvrage rose et violet. Le livre au format carré et au toucher agréable défriche le vocabulaire de la non-monogamie. Les témoignages évoquent des sujets qui viennent automatiquement à la bouche des néophytes : comment éduquer ses enfants ? Peut-on gérer la jalousie ? Ou bien, quelle peut être la place des partenaires comètes dans une relation ouverte ? Ces chroniques abordent également des thèmes superficiels comme la taille du lit idéal. Au final, il est regrettable que l’auteur de Pénis de table n’ait pas romancé son travail. Il aurait été souhaitable qu’il s’épanche à travers une autobiographie ou un récit tranches de vie. Englober toutes ces problématiques au sein d’un canevas scénaristique aurait surtout permis au public d’éprouver des émotions pour ces personnages. Là, les caractères des protagonistes sont peu détaillés et une distance s’installe en conséquence.

Malheureusement, le trait ne sublime pas le recueil. Loin de sa prestation sur Guerilla Green ou encore Lever l’encre, le bédéiste bricole un quatrain pour agrémenter chaque article sur internet.De facto, la (re)lecture de ces croquis pointe l’absence de décors, un dessin dépouillé et des cadrages fixes.

De polyamour et d’eau fraîche évoque, sans revendications, une autre forme d’amour. Pondérée, mais froide, cette parution se destine aux plus curieux et aux initiés.

Moyenne des chroniqueurs
5.0