Negalyod 2. Le dernier mot

J arri se souvient : « Dire qu'il y a des années, mes pieds touchaient terre et que je ressentais le silence des montagnes... » Car depuis que les cités ont été libérées, l'eau, contenue et stockée pendant des décennies dans les réservoirs des aqueducs s'est déversée en abondance au point de recouvrir la totalité du continent. Alors, auparavant avec Korienzé devenue sa femme et quelques rescapés, ensemble ils ont prélevé des échantillons issus de la biodiversité pour être cultivés tandis que sont construits des bâtiments et vaisseaux flottants à partir de pièces de récupération. Ainsi naquit la ville lacustre d'Andamanis.

Après les interminables périodes de sécheresse, voici venu le temps des inondations. Elles sont la conséquence logique et inéluctable de la chute de l'oppresseur qui avait, depuis des lustres, privé la terre et ses populations de son élément liquide à des fins pour le moins surprenantes. Vincent Perriot (Belleville story, Paci) concrétise un projet d'anticipation ambitieux et quasi démesuré. Dans un amoncellement d'inspiration et d'imagination, le père virtuel de Stygo ponctue sa frénésie scénaristique en incorporant des notions hypothétiques inattendues et toutes personnelles qui vont au-delà des limites du réel. Par instants, son univers et l'atmosphère de l'intrigue rappelleront les saveurs ressenties dans le film Waterworld de Kevin Reynolds et les tensions au sein de l'œuvre incontournable d'Adamov et de Cothias, Les Eaux de Mortelune, deux très belles références en la matière. Alors, autant le crier haut et fort, cette suite ravira ceux et celles qui ont adhéré et participé avec plaisir au premier voyage !

Outre une histoire séduisante et particulièrement accrocheuse, le dessin reste l'atout de l'ouvrage. Toujours aussi généreux et spectaculaire le trait de l'auteur donne une superbe perspective aux événements relatés. Les cases de dimensions conséquentes s'emparent de pages entières pour aller jusqu'à susciter l'émerveillement (ou pas loin) ! Il faut souligner également le travail remarquable de Florence Breton, laquelle, par le biais d'un éventail de couleurs vives, tantôt ton sur ton, tantôt contrastant les unes avec les autres, parvient à décupler l'effet visuel de la plus belle des manières.

Riche d'idées surprenantes, doté d'une trame qui ne souffre d'aucune lenteur et de planches ahurissantes, Le Dernier Mot, second volet de Negalyod, captive et procure un grand et savoureux moment d'évasion.

Moyenne des chroniqueurs
6.6