La solution pacifique La solution pacifique - L'art…

D ans les années quatre-vingt, la situation est explosive en Nouvelle-Calédonie. Cette ancienne colonie devenue territoire d'Outre-Mer est en proie à des tensions raciales extrêmes. Les Kanaks, population indigène, et les Caldoches, descendants des colons et d'anciens bagnards, se déchirent. Les tensions culminent avec la prise d'otages d'Ouvéa qui s'achève dans un véritable bain de sang. Le "Caillou" est au bord de la guerre civile. Il est vital de restaurer le dialogue. Michel Rocard, qui vient d'accéder au poste de premier ministre, forme alors une mission de la dernière chance pour renouer le lien entre toutes les parties et tenter de trouver une solution pacifique à la crise.

Cette évocation d'une mission diplomatique "exemplaire" aurait pu être intéressante. Malheureusement, le traitement se révèle abrupt et souvent rébarbatif. L'aspect historique reste flou et il faut attendre la postface pour qu'il soit enfin donné un aperçu des raisons profondes du conflit entre locaux et colons. Le récit se déroule dans un laps de temps assez arbitraire et opère des choix relativement étranges, comme celui de ne pas mentionner, hormis dans une courte biographie des principaux protagonistes en préface du livre, que Jean-Marie Tjibaou, porte-parole des Kanaks, fut assassiné peu de temps après la conclusion de l'accord.

Si le travail de Luca Casalanguida est plutôt agréable et traduit bien les nuances qui accompagnent l'intensité des échanges, le lettrage se révèle désastreux et le scénario, signé Pierre Makyo, qui possède pourtant une solide expérience, manque souvent de clarté. L'impression qui ressort est que le récit a été allégé de toute explication pour se concentrer sur les faits, au détriment d'une mise en contexte qui aurait permis de mieux en comprendre les tenants et les aboutissants. C'est comme si les auteurs estimaient que la particularité néo-calédonienne était bien connue des lecteurs et ne nécessitait pas d'être exposée. Ironiquement, beaucoup de Français ignoraient tout de ce qui se passait dans ce lointain département avant que les indépendantistes ne s'invitent dans l'entre-deux tours des élections de quatre-vingt-huit, et à être cyniquement utilisés par les candidats Chirac et Mitterand pour gagner des points en Métropole. Et maintenant ? Hormis une destination de vacances idyllique et un point noir pour la gestion de l'épidémie de Covid-19, elle reste bien éloignée des préoccupations des gens et ne retrouvera peut-être les pages de la presse nationale qu'à l'occasion du prochain référendum sur l'autonomie qui se tiendra le 12 décembre prochain.

Moyenne des chroniqueurs
5.0