Le zizi de l'ange - Chroniques d'un spectacle vivant

]« Mais tu te rends compte ? 300 fois ! C’est décidé, on se lance dans une nouvelle création… On s’est donné un an avant de jouer la première ! »

Membres de la compagnie Tour de Cirque, Marion Achard jongle entre la scène, l’écriture et la parentalité. Inévitablement, ces passions devaient se rencontrer. C’est désormais chose faite ! À travers Le zizi de l’ange, l‘autrice partage les difficultés du quotidien d’une troupe de circassiens. Cette tranche de vie romancée compose entre les rires et les petits bobos, les déconvenues et les joies professionnelles. La scénariste orchestre ses saynètes autour d’un fil rouge solide en explorant la création collective. Une entreprise pleine de renoncement où les natures dirigistes imposent leurs visions au détriment des personnalités pondérées. Seulement, ces conflits ne font pas œuvre. Pourtant, les résidences se succèdent. Les mois s’égrainent et la pression monte au fil des pages, alors que parallèlement, l’administratrice de production a déjà obtenu une date de représentation pour la presse et les programmateurs de France et de Navarre.

Finalement, « Est-ce qu’on a composé avec nos compétences et nos désirs ou avec nos besoins et nos urgences ? »

La partition graphique a été confiée à Miguel Francisco Moreno. L’illustrateur a déjà livré à la collection Mirages des éditions Delcourt, l’émouvant Des espaces vides. Mais l’artiste espagnol est principalement connu dans le monde de l’animation et du jeu vidéo pour sa participation au phénomène Angry Birds. Sa maîtrise de l’outil informatique se constate dès la découverte des planches. La perspective des immeubles comme celle des véhicules ne souffre d’aucune déformation. Les intérieurs sont richement décorés. Le lecteur reconnaît aisément des tableaux, des posters et des affiches célèbres. Et surtout, ce travail académique est consolidé par le jeu d’acteur de l’ensemble des protagonistes. Dans un style semi-réaliste, les bouilles des minots et le visage fermé des adultes soulignent les dialogues et génèrent une empathie à l’égard de ces héros de papiers. Quant à la colorisation, elle tient du réel et brille uniquement par ses pointes de lumière.

En somme, Le zizi de l’ange, sous-titré Chroniques d’un spectacle vivant, évoque avec à-propos les aléas administratifs des intermittents et les imprévus d’une vie de famille itinérante. Avec désinvolture et à l’instar d’un enfant de la balle, plongez sous le chapiteau de cette douce comédie Circus !

Moyenne des chroniqueurs
6.0