Virus (Ricard/Rica) 3. Rébellion

L a croisière ne s'amuse plus ! Allons, il ne faut quand même pas dramatiser, la situation n'est pas si désespérée. Certes, un virus hautement nocif circule parmi la population du navire, la presse en fait ses choux gras et le pays s'affole. Oui, il y a aussi un passager potentiellement infecté qui s'est échappé et c'est la mutinerie au sein de l'équipage. Alors, deux solutions : retrouver le scientifique à l'origine de l'expérience ou attendre que… tout le monde meurt ! Car effectivement, les cadavres s'accumulent.

Pour ce thriller viral, heu, virulent, Sylvain Ricard se devait d'imposer un rythme hyper maitrisé afin de happer le lecteur pour un crescendo de la panique, tout en restant crédible, bien sûr. La finalité de ce triptyque n'est pas de montrer l'horreur façon série B, mais de disséquer la perte de contrôle progressive d'une situation tout à fait plausible, l'actualité récente l'a bien démontré. Malgré un aspect parodique où l'humour grinçant est toujours présent, le sérieux et l'inquiétude dominent. En effet, à l'image de la météo qui se dégrade, l'atmosphère à bord se complique et la violence s'exacerbe entre les individus. Les points de vue des différentes factions sont envisagés, bien malin finalement celui qui pourrait donner LA décision idéale pour tout le monde. Cette complexité est vraiment bien exploitée et exprimée par les comportements excessifs adoptés et les cafouillages nombreux qui en découlent.

Il n'y en a pas cinquante, mais les nuances de gris de Rica génèrent des atmosphères franchement angoissantes et tendues, surtout en ce qui concerne les scènes de pluie diluviennes, particulièrement réussies grâce à une petite trame qui trempe jusqu'aux os. Le lecteur retrouve avec bonheur le style réaliste qui caricature les expressions faciales et les perspectives habilement déformées, parfait tout cela pour figurer les sentiments de peur. Le découpage participe grandement à l'agitation avec des cases triangulaires, tels des fragments de vitres brisées. Tout semble déterminé à faire froid dans le dos.

Les éléments se déchainent et se précipitent, c'est l'enfer à bâbord, à tribord et dehors. Ségrégation captive et fascine avec une grande noirceur qui n'altère pas le réalisme, en extrapolant sur les réactions extrêmes face à une crise aux résonances bien familières en cette époque de pandémie. L'analyse se révèle pertinente et flippante !

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Moyenne des chroniqueurs
7.0