Les veuves électriques 1. Deuil atomique

L e petit et charmant village de Chissouane tient sa prospérité de la centrale nucléaire toute proche. Ne vous effrayez pas, celle-ci est totalement sécuritaire. Enfin, jusqu’à ce malheureux incident imprévisible où trois employés ont perdu la vie. Malgré les communiqués du directeur de l’installation annonçant un retour à la normale, les veuves des victimes ne l’entendent pas de la même oreille et ont décidé de lancer un mouvement exigeant la fermeture de celle-ci. Pour l’instant, elles ne sont que trois, mais elles font du bruit. Au point que les médias nationaux s’y intéressent et que les autorités prennent peur ?

Récit dans l’air du temps, Les veuves électriques associe héroïnes atypiques et brûlot antinucléaire dans une farce absurde et truculente. Malheureusement, la généreuse idée de départ – le cri du cœur de celles qui ont perdu un être cher – se noie très rapidement dans une série de péripéties improbables sans queue ni tête ou réelle direction. Afin de donner du corps et de la résonnance à son histoire Relom lance quelques charges faciles contre les chaînes d’info en continue, l’industrie énergétique et le pouvoir politique. Amusants au premier abord, ces effets sentent immédiatement le déjà vu et lu mille fois et finissent par devenir répétitifs, voire embarrassants au fil des pages. Au niveau de la distribution, c’est la même musique. Une fois mis en place, tant le trio des dames en colère que les autres protagonistes se contentent de jouer scrupuleusement leur partition sans jamais détonner ou vraiment surprendre. Pourtant, matière à réflexion et sens du rythme sont bien là. Dommage cependant que le scénario manque d’une vraie intention et d’un peu de psychologie ou d’inventivité dans son déroulement.

Une critique semblable peut être tenue envers Damien Geffroy dont l’encrage hésitant et la mise en page terne empêchent tout emballement de la narration. En résumé, il illustre trop sagement ce qui devrait être explosif. Résultat, le deuil, la colère justifiée, les matraques des CRS et les élucubrations de Gilbert, l’ivrogne officiel du lieu, sonnent de manière identique, sans réelle emphase ou force.

L’humour pur et la blague ne s’avèrent pas toujours être suffisants, surtout quand l’ambition de départ a clairement été annoncée (cf. la couverture pleine de volonté). Premier tome sans étincelle ni réel approfondissement, Deuil Atomique tourne passablement à vide. Gabrielle, Jasmine et Odette auraient mérité mieux.

Moyenne des chroniqueurs
4.0