L'assassin des petits carreaux

D epuis que son mari est mort à Verdun, Ania s'est murée chez elle et, à part sa concierge, sa gentille voisine Renée et ses bouteilles d'alcool, elle ne voit personne. Mais lorsque son amie est retrouvée défenestrée dans la rue, l'immigrée russe ne peut rester inactive et met tout en œuvre pour comprendre comment tout cela est arrivé. Quitte à s'attirer bien des problèmes.

Comme Nathalie Ferlut l'avait annoncé dans son interview publiée en février 2019 sur le site, son nouvel album est une collaboration. Tandis qu'elle officie au scénario, la partie graphique est l'œuvre d'Étienne Oburie. Le duo propose un polar dans le Paris des années folles ayant pour héroïne une veuve d'origine russe qui doit naviguer dans le monde de la nuit de la capitale.

Après un démarrage assez lent, qui permet de poser le décor, l'intrigue accélère en même temps que l'héroïne se reprend en mains. Le scénario imaginé par l'autrice s'avère retors. Mêlant habilement fausses pistes et rebondissements, il offre une intrigue savamment construite qui navigue entre milieux ouvrier et bourgeois. Les personnages se croisent, la nuit venue, dans les rues où la prostitution, la musique, la fête sont omniprésentes.

Le trait expressif, même si par moments moins précis, reste efficace. Les compositions et les teintes du dessinateur accompagnent les changements de lieu, d'ambiances comme les variations de rythme avec à propos. L'ensemble forme une peinture de l'époque dans laquelle il est aisé de plonger. Et comme le suspense tient en haleine jusqu'aux ultimes planches, l'album se lit d'une traite.

L'Assassin des petits carreaux possède un charme presque désuet qui laisserait penser à une histoire de plus dans le Paris des années folles. Mais il ne faut pas s'y tromper, c'est un polar à l'ancienne prenant et bien mené qui ravivera les fans du genre.

Moyenne des chroniqueurs
6.0