Sigrid 1. Sur cette terre inconnue

A n 1000. Sigrid, jeune Viking ambitieuse, rêve de nouveaux horizons où elle pourrait écrire sa propre histoire. Embarquée avec d'autres Scandinaves sur un drakkar chargé d'aller renforcer une colonie implantée dans un pays appelé Markland, elle est loin de se douter qu'une vengeance va condamner bon nombre de passagers et qu'il lui faudra être particulièrement malicieuse et forte pour échapper à la mort.

Quand un récit porte la signature de David Chauvel, c'est à la fois un évènement, mais aussi et surtout, l'assurance d'une histoire consistante, équilibrée et souvent intense. L'entrée en matière de Sigrid ne déroge pas à l'équation, le scénariste montrant à nouveau un savoir-faire apprécié depuis ses débuts en 1992 avec la série Rails. Son propos, basé sur des faits historiques, s'attache à fournir un éclaircissement sur les raisons de la présence d'une partie du peuple groenlandais en Amérique du Nord et ce qui les a poussé, des années plus tard, à renoncer à toute tentative de cohabitation avec l'autochtone amérindien. Pour tenter d'élucider la question, ou tout du moins, donner une version crédible, l'auteur met en scène une Normande, frêle mais déterminée. Du caractère et du cran, il lui en faut pour se défaire de l'ennemi, ne pouvant compter que sur sa seule hache pour se sortir du pétrin dans lequel elle s'est fourrée bien malgré elle. Heureusement, l'héroïne pourra s'appuyer sur une aide providentielle pour constituer un tandem surprenant. Au final, bâtie avec autant d'action que de séquences explicatives, l'ouverture de ce diptyque s'avère limpide et séduisante.

En harmonie avec le sujet, le trait de Patrick Pion (La Planète aux cauchemars, Megaron) ne déçoit pas et est à l'image des conditions de vie de l'époque : rude. Perfectible sur quelques scènes d'action, il présente paradoxalement l'avantage de peindre les très beaux paysages d'un territoire que le monde allait connaitre par la suite sous le nom de Terre-Neuve et d'attribuer à ses personnages, notamment par le biais de visages burinés hérités des péripéties endurées.

En parvenant à délocaliser une aventure viking, Sur cette terre inconnue apporte un vent de fraîcheur et un souffle nouveau au genre.

Moyenne des chroniqueurs
6.0