Urban 5. Schizo robot

M onplaisir est sens dessus dessous après la nouvelle attaque terroriste orchestrée par Merenia Colton et les siens. Les « vacanciers » continuent de fuir la cité et, tandis que Springy et A.L.I.C.E. tentent de ramener le calme et restaurer la confiance, la fédération décide de prendre les choses en mains, sur place. Il semble que le jeu touche à sa fin...

Onze ans auront été nécessaires à Roberto Ricci et Luc Brunschwig pour livrer les cinq tomes de leur série. Plus quelques années encore avec Urban Games, précédente tentative avortée chez les Humanoïdes Associés. L'attente autour de Schizo Robot a donc été longue et le chemin semé d'embûches* mais elle en valait la peine.

Comme depuis le début, le sens du détail et de la mise en scène du dessinateur italien font mouche. Adaptant son style à l'univers (le dessin animé Overtime ou la réalité) ou sa palette de couleurs en fonction de la temporalité, il permet de suivre la chronologie et les enchainements sans accroc. Les décors, qu'ils soient extérieurs dans les ruelles glauques de Monplaisir ou intérieurs sur un plateau TV ou dans une chambre d'hôtel, sont détaillés et participent à l'atmosphère qui se dégage de chaque séquence. Chacune d'elle est truffée comme de détails et apparitions en forme de clin d’œil que les lecteurs traquent avec plaisir. Surtout, le trait de l'artiste est toujours précis, expressif, organique et marque chaque séquence de l'intensité requise.

Et de l'intensité le scénariste du Pouvoir des innocents (et ses suites) en a mis. Qu'il referme les portes en apportant toutes les réponses aux questions qu'il avait amené le public à se poser au cours des quatre premiers albums ou qu'il étoffe un peu plus la psychologie de ses personnages, Luc Brunschwig régale son lectorat. Il s'applique à rendre claire et fluide une intrigue déjà solide. Jouant sur le rythme, autant grâce au découpage qu'au tempo des révélations et des rebondissements, les auteurs livrent une histoire haletante et renouvellent constamment le suspense jusqu'au dénouement, tout à la fois glaçant, heureux et surprenant (tout dépend de quel côté il est vu). Du grand art !

Conclure une histoire prometteuse sans décevoir est toujours compliqué, surtout lorsque dès les premières cases, elle démontre de telles qualités et propose une telle ambition. Luc Brunschwig et Roberto Ricci y parviennent haut la main en offrant un épilogue à la hauteur et font de leur Urban une des toutes meilleures séries de ces dernières années.

* lire le dossier et l'interview des auteurs.