La fortune des Winczlav 1. Vanko 1848

L e titre de cette nouvelle série de Jean van Hamme, La Fortune des Winczlav, fait immanquablement penser à Émile Zola et La Fortune des Rougon. Hasard ou coïncidence ? La suite le dira.

Avec cette trilogie, le scénariste s'emploie à raconter comment un médecin idéaliste monténégrin sera à l'origine de l'empire financier colossal dont héritera bien plus tard Largo Winch.

Cette saga débute en 1848 dans les Balkans. Pour échapper à la tyrannie du Prince-évêque, Vanko Winczlav est contraint de fuir. Il embarque sur un bateau à destination du Nouveau Monde, accompagné de Veska, une jeune fugitive bulgare. Une fois installé, il est contraint d'accepter un emploi d'infirmier, son diplôme n'étant pas reconnu.

Dès les premières pages, il est clair que le scénariste n'a rien perdu de ses qualités de conteur d'histoires. Son récit est solidement charpenté, construit sur une succession d'ellipses permettant d'avancer rapidement. Il n'y a aucun temps mort et les années défilent avec fluidité. Malheureusement, lorsque le récit bascule sur le destin de la seconde génération, le récit perd en profondeur. Les personnages manquent de densité. Les quelques scènes qui leur sont consacrés perdent en efficacité tant ils manquent de caractérisation. Il aurait sans doute fallu scinder cet album en deux, le premier consacré au père, le second à ses fils, pour éviter l'aspect "au pas de charge" de la seconde partie. Il y avait pourtant volonté de proposer des personnages ambigus, loin de l'imagerie du héros sans reproche et sans tache.

Le choix de Philippe Berthet au dessin s'avère judicieux, rompant agréablement avec le style "m'as-tu-vu" de Francq. Son élégance sert parfaitement le récit, à l'exception des quelques scènes d'action auxquelles la relative raideur de son trait s'adapte mal. Dans l'ensemble, ce premier tome est une plutôt bonne surprise. C'est avec plaisir que le lecteur retrouve un Jean van Hamme à son avantage, dans une série qui rappelle Les Maîtres de l'Orge. Le scénario ne s'embarrasse pas de subtilités, osant même un coup de théâtre final un peu gros. Mais cela fait partie du package. La Fortune des Winczlav assume ce qu'elle est : une bande dessinée ultra-classique, bien exécutée et qu'un bon gros McGuffin n'effraie pas. Ne cherchez rien de plus qu'un divertissement solide et plaisant. Mais sans plus.

Moyenne des chroniqueurs
5.0