Philosophix - Le mythe de la caverne et autres histoires philosophiques

S ’il est un domaine qui fait peur (ou remonter des cauchemars dus à quelques dramatiques dissertations scolaires), c’est bien la philosophie. Par contre, une fois passé outre les vagues souvenirs de notions à demi-digérées, les idées reçues et l’humour facile, ce champ de la pensée reste terra incognita pour beaucoup. De plus, son vocabulaire complexe truffé de termes à coucher dehors ne joue pas en sa faveur et peut désarçonner. C’est vrai, en plus deux mille cinq cents ans d’étude, d’expérience de logique et de théories à la limite de l’abstraction, le corpus général de la réflexion critique sur les problèmes de l'action et de la connaissance humaine s’avère gigantesque. Par où commencer ?

En bon enseignant et vulgarisateur dans l'âme, Étienne Garcin propose de démêler le sujet en dix « leçons » exigeantes et ludiques dans Philosophix. Optant pour une approche verticale (Platon côtoie anachroniquement Pascal et Deleuze, par exemple), il explore avec autorité et enthousiasme une série de questionnements fondamentaux : possibilité d’avoir une vie heureuse, pouvoir de la conscience, l’action libre impossible, etc.. Le ton est direct et va à l’essentiel, peut-être un peu trop. En effet, pour bien profiter de ces explications, un bagage préalable est quasi-indispensable. La lecture est néanmoins agréable à suivre, en dépit de sa densité et des nombreux raccourcis imposés par la pagination. Une bibliographie et des pistes afin d’aller plus loin auraient été les bienvenues ; ce n'est pas le cas, dommage.

Graphiquement, le résultat est moins probant. A. Dan se limite sagement à accompagner les exposés de son scénariste. Un peu coincé par un style classique et un trait réaliste, le découpage demeure très terre-à-terre et peine souvent à retranscrire toute la force des propos. S’il fait facilement revivre les époques et les hommes – les superbes couleurs sont à relever - , le dessinateur se montre plus emprunté quand il s’agit d’illustrer les concepts et la pensée pure.

Le pari était risqué, il est globalement réussi. Malgré une mise en image en retrait, cette introduction savante à la philosophie remplit parfaitement son rôle et, qui sait, permettra de sauver la donne à quelques bacheliers anxieux bûchant pour un examen à venir.

Moyenne des chroniqueurs
5.5