Les chimères de Vénus 1. VOL. 1/3

G râce aux efforts de la famille Dulac*, les puissances européennes maîtrisent l'éther et les voyages spatiaux que ses moteurs permettent. En France, Napoléon III a réussi à s'approprier Vénus qu'il partage avec l'Angleterre. Ce nouvel Eldorado sert autant de bagne que de terrains d'explorations pour les nobles en quête d'aventures ou de découvertes. Grâce à sa popularité et son charme, Hélène Martin obtient le privilège de se rendre sur la planète tant convoitée. En se jouant du Duc de Chouvigny, responsable de l'expédition, dont elle repousse les avances, la star espère profiter de son séjour pour retrouver la trace de son bien-aimé, Aurélien d'Hormont, prisonnier là-bas.

Annoncée depuis quelques temps déjà, la série dérivée du Château des étoiles arrive enfin sur les étals des libraires. Ayant connu, elle aussi, les joies de la prépublication sous format journaux, sa sortie a été décalée en raison des conditions que tout le monde connaît. Alain Ayroles et Étienne Jung ont en charge de mener ce triptyque dans un cadre connu, mais aux protagonistes et aux enjeux totalement nouveaux.

Le scénario du premier ressemble à un hymne aux écrits de Jules Verne : aventures, dépaysement, explorations, tous les ingrédients d'un Voyage extraordinaire sont réunis. Toutefois l'auteur des Indes Fourbes ne se limite jamais à une histoire facile, il intègre parfaitement le cadre dressé depuis cinq albums par Alex Alice tout en donnant une dimension romanesque à sa trame. Ainsi, au milieu d'une lutte de pouvoir, loin de l'Empire, entre nobles et militaires, il mêle une histoire d'amour contrariée qui servira de moteur à quelques rebondissements. À l'aide de personnages bien caractérisés, à la limite de la caricature pour certains, il dresse les contours d'une intrigue rapidement prenante dans des décors aux allures de Monde Perdu.

Il offre ainsi un terrain de jeu idéal à son complice. Si le trait d'Étienne Jung désarçonnera les aficionados du créateur Alice, il n'en demeure pas moins généreux et détaillé. Exit les couleurs directes et le style réaliste, le dessinateur propose une approche lorgnant vers l'animation et fait la part belle à des aplats colorés vifs. Un découpage appliqué et des compositions travaillées lui permettent de maintenir une belle fluidité. Avec des dialogues, justes et bien écrits - comme souvent avec Alain Ayroles -, et une alternance de scènes, d'ambiances et de points de vue, le rythme s'avère soutenu et l'immersion pleine. De quoi être happé par ce premier volume.

Surprenant mais pas totalement éloigné de son aînée, ce premier tome des Chimères de Vénus réussit à convaincre en proposant une approche différente tout en restant dans l'esprit. De quoi donner envie de suivre les (més)aventure d'Hélène, Aurélien et tous les autres en attendant des nouvelles de Séraphin et des siens.

* : voir le Château des étoiles
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Moyenne des chroniqueurs
6.5