Les quatre de Baker Street 9. Le Dresseur de canaris

Q uelques temps après l'affrontement entre les maîtres de Limehouse*, les francs-tireurs de Baker Street ont retrouvé un quotidien plus tranquille. Pendant que Sherlock use de ses talents en Europe, Billy attend de pouvoir reprendre son emploi de groom tandis que Charlie prépare son baptême au Merry Minstrel, sous l'œil attentif de Polly Perkins. Et alors que l'artiste et mentor de Charlie voit une vieille connaissance refaire surface, Scotland Yard sollicite l'aide de Tom et de ses deux comparses pour des affaires d'agressions dans les rues de l'East End, entre ces retrouvailles qui visiblement n'éveillent pas que de bons souvenirs à la chanteuse et cette histoire de violences nocturnes, la bande va avoir du pain sur la planche...

En fin connaisseurs de l'icône créée par Sir Arthur Conan Doyle, Olivier Legrand et Jean-Blaise Djian sont allés dénicher une allusion du docteur Watson à la résolution d'une enquête inédite dans la nouvelle The Adventure of Black Peter (publiée dans le recueil The Return of Sherlock Holmes) pour composer leur intrigue. C’est donc à partir du notorious canary-trainer qu'ils imaginent une trame centrée sur Charlie. Depuis 2009 et L'Affaire du rideau bleu les détectives en herbe ont bien grandi et notamment la jeune héroïne. Mais leurs préoccupations ont beau évoluer et leur caractère s'affirmer, chassez le naturel, il revient au galop et, dès les premiers doutes, les francs-tireurs retrouvent leur flair et se mettent au travail.

Filatures, infiltrations, déguisements, surveillances, bastons, ils ne reculent devant rien pour démêler les fils d'une histoire pleine de rebondissements qui promènera le public des bas-fonds londoniens à la jungle des cabarets. Malgré une certaine densité, tant en dialogues - toujours bien écrits - qu'en action, l'enquête se suit facilement grâce au rythme savamment orchestré par le duo de scénaristes et au découpage impeccable de David Etien. L'artiste, dont le style s'affirme un peu plus à chaque parution, montre à nouveau toute sa facilité à dynamiser ses planches. La mise en couleurs, étudiée, n'écrase pas son trait à l'encrage gras et installe de belles ambiances. Malgré une ressemblance appuyée entre certains personnages féminins, il offre une belle constance dans son dessin, précis et expressif.

Rondement mené, ce Dresseur de canaris démontre une nouvelle fois le talent du trio d'auteurs et la qualité de leur série. Une enquête choisie avec soin, des développements cohérents des personnages, des enjeux innovants qui évoluent en respectant le canon « holmesien » : que demander de plus ? Ah, oui ! Que ça continue encore longtemps avec cette qualité !

* : voir tome 8 et sa chronique

Moyenne des chroniqueurs
7.0