On Mars_ 3. Ceux qui restent

P remière moitié du XXIIe siècle. Un peu comme l’Australie quatre cents ans auparavant, la planète rouge est colonisée par des bagnards. Les pionniers y ont des maisons, se déplacent en train, assistent à des spectacles au stade, mais ce sont les vastes mines qui frappent l’imagination. La vie y est difficile et les ouvriers entendent le prêche du charismatique Xavier Rojas, à la tête de l’Église Synchrétique. Armé jusqu’aux dents et aidé de ses fidèles, il prend les armes et défie les autorités. Les dirigeants résistent comme ils le peuvent, mais la rébellion est structurée et les secours terrestres tardent.

Dans On Mars, les auteurs mettent en place un univers en partie réaliste. Conquérir un nouveau monde pour l’exploiter, il y a là un air de déjà-vu. Le décor industriel et les véhicules sont également convaincants. En fait, tout cela ressemble à la Terre. Les gens ne changent pas, ils souffrent, pestent contre leur sort et attendent le Sauveur. D’autres propositions apparaissent plus spéculatives. Il est en effet assez peu plausible qu’un simple appareil greffé sur la joue permette de respirer sans contraintes dans un milieu aussi inhospitalier. Il est du reste improbable que la plantation massive de végétaux transforme prestement ce sol aride en jardin d’Éden.

Ceux qui restent conclut la saga martienne. Au terme des deux premiers opus, le lecteur avait l’impression que, malgré quelques tensions, la science et le capitalisme (sauvage) triompheraient. Sylvain Runberg ne choisit cependant pas la voie facile et propose un dénouement sortant des sentiers battus. Comme souvent en science-fiction, l’écrivain se rend loin dans le temps et l’espace, mais, au final, c’est de sa société dont il parle. Dans ce projet, le scénariste discute des mauvaises conditions de travail, de l’extrémisme nourri par les inégalités et, surtout, de l’importance de préserver les ressources naturelles. Bien qu’originale, la conclusion ne tient pas tout à fait ses promesses. L’épisode est linéaire et se lit rapidement. Pour tout dire, ça bastonne du début à la fin.

Le dessin réaliste de Grun demeure de belle qualité. Les cases de grande taille conviennent aux scènes de bataille présentées avec beaucoup d’amplitude. Chacune d’elles adoptant un angle différent, il crée beaucoup de mouvement ; d’un champ-contrechamp à l’autre, tout va très vite et le danger semble venir de partout à la fois. Pour la mise en couleur, l’artiste favorise une quasi-bichromie. Les vignettes, et de nombreuses planches, sont en effet dominées par une teinte, généralement le vert ou l’ocre. Le coup d’œil est intéressant, mais finit tout de même par lasser.

Colonisation, exploitation et religion. Le cocktail sera toujours explosif.

Moyenne des chroniqueurs
6.5