Maudit sois-tu 2. Moreau

I maginez une rencontre entre Mary Shelley, Emily Brontë, Richard Burton et Charles Darwin. Un vrai casting de rêve, non ? Leurs descendants avaient animé le premier tome de Maudit sois-tu en livrant une bataille sans merci contre les inquiétants Docteur Moreau et Comte Zaroff. Dans ce deuxième opus, qui se déroule cent cinquante années plus tôt, une partie du voile se lève sur les motifs de haine et de vengeance qui animaient les différents protagonistes.

Aucune surprise sur la structure du récit : on prend – presque – les mêmes et on recommence. Une phase de présentation de l'ensemble des acteurs, une gageure quand il s’agit de résumer la vie de telles célébrités ; une invitation à dîner dans une demeure, certes magnifique, mais diablement inquiétante ; des révélations en cascades ; une chasse à l’homme qui se conclut par… à vous de lire l’album ! Un procédé répétitif qui pourtant fonctionne à nouveau parfaitement. Philippe Pelaez aime ses personnages et cela se voit. Aucun d’entre eux n’est laissé en retrait et chacun a suffisamment de matière pour que le lecteur s’y intéresse tout au long du récit. Ses influences, très bien résumées et illustrées en fin d'ouvrage, sont manifestement digérées. Il y a celles, évidentes, venant de la littérature et du cinéma mais aussi des réflexions prégnantes et finalement très modernes sur la séparation du corps et de l’esprit ou sur la place de l’Homme dans la société.

Le dessin quasi-photographique de Carlos Puerta peut parfois paraître figé, mais il apporte une vraie valeur ajoutée. Les deux planches mettant en scène le voyage en train sont particulièrement réussies : gardez-les yeux quelques minutes sur cette succession de cases où la fumée s’échappant de la locomotive s’étend sur les vastes étendues anglaises et vous aurez bientôt le doux bruit des vieilles machines à vapeur dans les oreilles.

Quand, à la fin de la lecture du deuxième tome, l’envie subite de relire le premier se fait sentir, il ne fait nul doute qu’il s’agit à coup sûr d’une très bonne série. L’épilogue est attendu pour la fin de l’année.

Moyenne des chroniqueurs
7.0