Ira Dei 4. Mon nom est Tancrède

T ancrède a cédé sous les coups ennemis. Prisonnier à Melfi, il refuse toutefois de réintégrer les troupes de Guillaume qui ne sait comment le persuader de revenir à ses côtés…

Fin de cycle et arrêt d’une aventure initiée au pied de l’Etna, puis dans les Pouilles et qui aurait pu après Constantinople, les bords de la Volga et la Norvège se terminer dans l’Espagne mauresque !

En faisant le choix d’un retour au papier, Ronan Toulhoat aura pu peaufiner une technique plus portée à capter l’intensité de l’instant que le réalisme académique grâce à un encrage à la plume, pour les déliés et au pinceau, pour les pleins. Ce faisant, Mon nom est Tancrède interroge sur l’apport de la mise en couleur et confirme aussi une forme de simplification du trait dont la densité, comme l'épaisseur, sont inversement proportionnelles à la finesse de la psychologie des protagonistes ; ce qui pourrait gêner ceux refuserant de se laisser entrainer par un graphisme qui n’incite que rarement à l’introspection. Pour apporter un peu de profondeur à cette débauche de mouvements, Vincent Brugeas déroule sciemment les arcanes de la real politique médiévale, tout en usant de récitatifs permettant de temporiser quelque peu les évènements et de les resituer dans cette partie d’échec pour la conquête de la botte italienne.

Dernier opus d’une saga trop tôt écourtée, Mon nom est Tancrède, à grands coups de taille, d’envolées guerrières aux accents druillesques et sans s’interdire une once de romance comme tous bons romans courtois de l’époque, referme les pages d’un temps méconnu qui vit, durant cent cinquante ans, des Normands régner sur le sud de l'Italie...

Moyenne des chroniqueurs
5.5