Blue Period 1. Tome 1

Y atora a tout d’un élève modèle : brillant, même dans les matières qu’il n’affectionne pas, studieux et populaire. Son avenir semble tout tracé et il n’a que l’embarras du choix quand il s’agira de choisir l’université de ses rêves. Pourtant, quand le jeune homme rentre le soir chez lui, des dizaines de questions l’assaillent : ses relations amicales sont-elles vraiment sincères ? pourquoi se force-t-il à participer à des activités qui ne lui plaisent pas ? et surtout, est-il heureux ? C’est en passant par hasard devant un tableau réalisé par une camarade de classe que le déclic se produit : le premier pas vers sa nouvelle vie sera une inscription au club d’Arts de son lycée.

Pour quiconque a joué les touristes dans l’arrondissement de Shibuya à Tokyo, il est difficile d’imaginer ce quartier, frénétique et constamment noir de monde, teinté d’une douce lueur bleue. C’est pourtant ce qui traverse l’esprit de Yatora quand il parcourt ce temple de la mode tôt le matin, au moment où le soleil projette ses premiers rayons. La couleur fait évidemment référence au titre de ce manga, signé Tsubasa Yamaguchi, mais aussi à la jeunesse de l’immense Pablo Picasso.

Difficile d’échapper au classicisme du parcours initiatique dont les auteurs japonais sont friands, qu’il s’agisse de sport ou d’autres pratiques plus ou moins opaques. Néanmoins, les premières pages rassurent très vite et le lecteur est immédiatement happé par une narration sans faille. Le récit se veut didactique et une large part d’expériences personnelles s’en dégage. L’autrice n’a pas hésité à faire appel à d’autres artistes ainsi qu’à d’anciens professeurs pour réaliser certains dessins disséminés tout au long de l’ouvrage. Le monde artistique nippon, notamment à travers ses écoles d’Arts, se dévoile comme Akiko Higashimura le fait également dans Trait pour trait. Mais c’est surtout, et de façon plus universelle, le mal-être étudiant et les questionnements liés à l’incertitude de l’avenir qui sont très intelligemment évoqués. Les personnages entourant Yatora ne sont pas non plus dénués d’intérêt : Yûji, un garçon qui aime se travestir en fille, Yotasuke, qui déborde de talent ou Mori, dessinatrice de la peinture qui a révélé la passion de Yatora.

La qualité du découpage n’est pas étrangère à la réussite de l’album. L’autrice alterne les planches muettes - celles mettant en scène Yatora face à son premier coup de foudre artistique sont remarquables -, les scènes de dialogues jamais lourdes ou redondantes et les fiches explicatives quand il s’agit d’aborder le b.a.-ba de l’apprenti-peintre.

Véritable succès en Asie en 2020 (Lauréat du Prix Manga Taishô, Lauréat du Prix du Manga Kôdansha, Sélection pour le prix culturel Osamu Tezuka…), Blue Period affiche déjà neuf tomes sortis au Japon. Une série à découvrir d’urgence.

Moyenne des chroniqueurs
7.0