Un papa, une maman, une famille formidable (la mienne !)

F lorence Cestac clôt le pan autobiographique de son œuvre avec Une famille formidable (la mienne !), album retraçant ses douces années, de sa naissance à l’adolescence, en s’arrêtant spécialement sur ses parents. Faisant partie de la génération des baby-boomers, Florence a pleinement profité de tous les avantages apportés par les Trente Glorieuses. En effet, son père, un cadre commercial supérieur, sut exploiter toutes les possibilités offertes par la reconstruction et la modernisation de l’économie française pour mener une belle carrière. Sur le plan affectif, la situation a été très différente. Homme froid et distant avec ses enfants, il ne fut jamais capable de comprendre et, encore moins, répondre à l’affection que lui portaient les siens. En gros, en dépit des efforts continuels de sa mère, ce n’était pas tous les jours la fête à la maison et l’autrice en a beaucoup souffert.

Plus largement, le scénario propose également un admirable témoignage du quotidien durant la seconde partie du XXe siècle. Le progrès est en marche, la société de consommation prend son envol et les mentalités changent, mais pas chez tout le monde apparemment. Si les femmes s’émancipent ou tentent de le faire – sujet récurrent chez la Grand Prix Angoulême 2000 -, d’autres, comme Jacques Cestac, peinent à accepter ces changements dans l’ordre des choses. Résultat, le clash sera inévitable et, après avoir été « condamnée » au pensionnat, la jeune femme osera rompre les amarres pour mener sa vie et la carrière de son choix. Par contre, jamais elle ne réussira vraiment à mettre de côté cette douleur due à tant d’indifférence. Si les personnalités de ses géniteurs sont parfaitement décrites et mises en scène, l’artiste ne va – n’ose ? - pas creuser plus profondément leur psychologie. D’où viennent-ils ? Qu’est-ce qui pourrait expliquer ces caractères si contrastés ? L’histoire débute juste avant-guerre à leur mariage et c’est tout. Le lecteur n’en saura malheureusement pas plus.

Humour, esprit et énormément de recul, la narration contrebalance à la perfection le ton morose de certaines réminiscences douloureuses. Et puis, il y a toutes ces anecdotes sympathiques, ces moments embarrassants a posteriori et ces mille petits instants insignifiants profondément gravés dans la mémoire qui font le sel de l'existence. Au final, la lecture est, malgré tout, engageante, follement rythmée et immanquablement très drôle.

La résilience est à la mode, Une papa, une maman, une famille formidable (la mienne !) n’en manque pas ! Puis, on ne choisit pas ses parents et personne n’est immortel. Alors autant en profiter et ne pas oublier de dire" je t'aime" avant qu'il ne soit trop tard.

Moyenne des chroniqueurs
7.0