Lapinot (Les nouvelles aventures de) 5. L'Apocalypse Joyeuse

T ranquillement assis dans un parc public, Lapinot se fait tabasser par des parents croyant avoir affaire à un pédophile en chasse, alors que celui-ci vérifiait simplement ses messages sur son téléphone portable à côté d’une structure de jeux. Choqué et blessé, le héros décide d’attaquer ses agresseurs en justice, mais cela en vaut-il vraiment la peine ? Sans compter que ces personnes risqueraient beaucoup en cas de procès. Parfois, il faut savoir prendre un peu de recul pour mieux appréhender tous les tenants et aboutissants de ses choix. Accompagné par Richard, il décide d’aller à la campagne ; d’ailleurs Thierry les y invite depuis longtemps pour leur montrer sa nouvelle maison. Autre évènement imprévisible, une météorite détruit leur voiture sur un parking de supermarché. L’incident attire évidemment les médias et toute une foule de curieux. Il y a des jours comme ça.

Sens de la responsabilité, conséquences de ses actes, réactions face à la pression et même appât du gain, le programme de cette cinquième nouvelle aventure de Lapinot se montre chargé et passablement bavard. Armé de sa verve habituelle, Lewis Trondheim anime sa distribution de choc dans des situations du quotidien juste un peu exagérées ou exacerbées. Dialogues piquants et dérision marquée d’une dose de désarroi face à l’absurdité des choses, tous les éléments sont bien en place. Par contre, il est difficile de ne pas relever une certaine répétition des motifs : la campagne, les répliques de Richard, cette étrange association pour un meilleur monde aux méthodes peu claires, etc. Le style d’un auteur ne se discute pas, mais, dans le cas présent, le scénario semble un peu trop reposer sur des rouages déjà visités à différentes occasions auparavant.

Personne ne va reprocher à Trondheim de faire du Trondheim. De plus, il n’hésite pas à donner énormément de latitude à son personnage emblématique qui, pour une fois, prend sur lui d'agir avec culot et audace. Non, ce qui pèche dans cet album, c’est l’absence d’une réelle idée directrice forte. Ce manque se fait particulièrement remarquer avec une fin sans grande imagination, regardant vers le passé afin de trouver un semblant de sens ou de réconfort. Pour rassurer le lecteur ou se rassurer lui-même, l’épilogue ajoutée après coup apporte une piste d’explication possible à propos de cette conclusion en demi-teinte.

L’apocalypse joyeuse n’est peut-être pas le tome le plus percutant de la série. Cependant et malgré quelques bémols, un nouveau Lapinot est toujours une bonne nouvelle.

Moyenne des chroniqueurs
6.0