Waldor 1. Le dragon multiple

S tupeur au royaume ! Les caisses contenant chacune un morceau d'Obor le terrible dragon, ont été dérobées ! Si elles parviennent à être mises en contact les unes avec les autres, alors la bête se reconstituera d'elle-même et pourra, comme jadis, semer la terreur dans tout le pays. Pour empêcher cela, le mage Stupendor n'a guère d'autre choix que de faire appel aux services de Waldor. Futé et intrépide, le renard, qui s'était retiré des affaires, doit se rendre à l'évidence : il lui faut reprendre du service.

Imaginez un monde médiéval envahi de personnages tous plus invraisemblables les uns que les autres, anthropomorphes pour la plupart d'entre eux, monstrueux et sans la moindre apparence humaine pour ce qui est de la seconde et dernière espèce qui le peuple. David De Thuin (Coup de Foudre, Le Roi des Bourdons) fait cohabiter tout ce drôle de petit monde, y incorporant les notions malsaines de la cupidité et de la convoitise pour donner un sens fort à son récit et créer un réel engouement. De ce fait, le justicier, incarné par un goupil malin et sûr de sa force, mal secondé par une horde de bras cassés, devra s'employer à identifier et tanner la couenne de ceux qui, dans l'ombre, ourdissent un complot visant à renverser le pouvoir en place. L'auteur parvient à jouer avec les paradoxes et à les équilibrer soigneusement : de prime abord loufoques et enfantins, le propos comme le dessin réussissent à rassembler et mettre d'accord toutes les générations de lecteurs. De même, l'humour vient croiser le fer avec le sérieux dans un premier tome qui n'oublie pas d'incorporer les codes habituels de la fantasy. Cette ouverture pleine de rebondissements, publiée dans la collection « Tchô », fait la part belle à l'aventure ainsi qu'à une intrigue séduisante et accrocheuse. Un épilogue qui lui est propre, laisse la porte grande ouverte à une suite prometteuse.

Le coup de crayon de « Deth » - le diminutif de De Thuin - qui se veut volontairement imprécis voire grotesque (au sens fantaisiste), caricatural, finit par être étiqueté "beau" lorsqu'il s'agit de certaines des bestioles. De ce fait, ne se rapprocherait-il pas du style d'un des maitres en la matière, Lewis Trondheim en l'occurence ? Qu'en pensent Bromir le canard, Avengine le pélican ou encore le Borme, une sorte d'animal méchant et hideux, pour ne prendre en exemple qu'un petit échantillon du bestiaire proposé ? Leurs nombreux et différents appendices apportent du crédit à l'ambiance et au décor du scénario.

Crénom de nom, qu'il fut bien agréable de traverser les contrées avec Bromir et de guerroyer aux côtés de Waldor. Reprendre le chemin et les armes en leur compagnie sera, malgré le danger, un plaisir.

Moyenne des chroniqueurs
6.0