Donjon Zénith 8. En sa mémoire

C hez les Draconistes, la loi est sacrée et il faut la respecter. Conscient de l'importance de ce crédo, mais surtout par amitié, Herbert a accepté d’aller annoncer dans les règles les fiançailles de Marvin à sa maman. Problème, cette dernière est morte, assassinée. D’abord pris pour le coupable, il arrive à plaider sa cause en échange de la capture du meurtrier. Cependant, il faut agir promptement, car dès que son ami apprendra la triste nouvelle, ça risque de chauffer.

Arrivé au tome quarante (environ), la tâche de Lewis Trondheim et Joann Sfar tient autant du puzzle que de l’écriture. Imaginer de nouvelles aventures à leurs héros ne pose pas de problème en soi. Non, la réelle difficulté se situe dans l'ajout, à chaque livraison, d'éléments inédits compatibles avec le « corpus Donjon » existant. Ce labeur est sûrement ardu, mais, loin du pensum, il s'agit certainement d'un excercice jubilatoire sur le plan intellectuel.

Une simple mission transformée en une enquête ponctuée de bagarres ; résumée telle quelle, l’intrigue paraît légère pour remplir un album. Par contre, c’est oublier un peu vite ce qui fait le piquant de la série ! En effet, outre ces péripéties, En sa mémoire permet de mieux cerner les Draconistes chers à Marvin et d’introduire deux personnages importants quand la saga arrivera à son crépuscule. Ces informations et bouts d’anecdotes nourrissent et complètent ainsi un univers déjà luxuriant. De plus, comme tout est fait dans la bonne humeur et, apparemment, sans autre effort que celui de s’amuser à raconter, la lecture s’avère être une véritable partie de plaisir.

Pour ce qui est du plaisir de créer, Boulet n’est pas le dernier et il est prêt à relever tous les défis. À ce propos, les mœurs contrastées des Draconistes lui offrent la possibilité de dessiner quelques morceaux de bravoures impressionnants. Impossible de ne pas citer l’énorme duel final : ces planches cataclysmiques pleines de feu, de furie et de drôlerie (quand même) soulignent toute l’étendue de son talent et de son inventivité graphique. Quelques pages supplémentaires auraient même été les bienvenues, la conclusion finale étant un peu sèche et rapide après tant de fracas.

En plus de retrouver des vieux amis et de rigoler un bon coup, un nouveau Donjon est également l’occasion de découvrir des bribes inédites d’une légende en perpétuelle construction. Sur ces points cruciaux, En sa mémoire ne désappointe pas, loin de là.

Moyenne des chroniqueurs
7.0