Les voyages de Gulliver (Galic/Echegoyen) De Laputa au Japon

D e retour de son voyage chez les Géants, Lemuel Gulliver se voit proposer une nouvelle expédition. Sa situation financière et son goût de l'aventure ont rapidement raison de ses réticences et de celles de son épouse Mary. Le voilà prêt à reprendre la mer et découvrir de nouvelles contrées.

Du roman éponyme, c'est la troisième partie - celle qui conduira le héros de Laputa au Japon en passant par Balnibarbi, Lagado, Maldonada, l'île de Glubbdubdrib, et Luggnagg - que Bertrand Galic et Paul Echegoyen ont décidé de conter. Moins connu que Liliput, ce périple n'en demeure pas moins un terreau fertile que le duo explore à merveille. Le talent du dessinateur s'exprime pleinement tant lors des passages en mer que dans les décors variés que Gulliver parcourt. Son trait précis, à la mine de plomb et aquarelle noire, lui permet de proposer des planches d'une grande richesse que sa mise en couleur, douce et lumineuse, transcende. Le départ de Londres (page 10), les apparitions de la ville flottante (page 26 et 43), le jardin de Mudino (page 62), la découverte des laboratoires de Lagado (pages 67 à 71) ou encore les scènes sur les bateaux (page 86) sont des tableaux qui s'admirent autant qu'ils ne se lisent.

Moins saillant que la satire de l'Angleterre du XVIIIe siècle caractéristique du roman de Jonathan Swift, le regard porté sur la vacuité de certains comportements reste présent. La peur de la mort (et son corollaire, la volonté d'immortalité), l'exploitation du peuple, la dictature des sciences, le manque d'attention, nombre de thèmes trouvent un écho dans nos sociétés modernes. Habitué à l'exercice de l'adaptation (Cheval d'Orgueil), Bertrand Galic apporte un œil neuf au matériau original et propose un récit fluide et immersif. Peut-être même trop, tant l'envie de prolonger le voyage pointe une fois les cent-douze planches dévorées. La fin, à partir du passage de la lettre notamment, aurait probablement mérité l'honneur d'un développement graphique plus conséquent.

Au final, cette libre adaptation des Voyages de Gulliver atteint son but : inviter à la rêverie tout en proposant une nouvelle approche d'un grand classique de la littérature. De plus, la prestation de Paul Echegoyen est un ravissement, elle sublime un propos encore d'actualité.

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Moyenne des chroniqueurs
6.0