Servitude 6. Livre VI - Shalin (Seconde partie)

S ervitude : nom féminin.
État de celui ou celle qui est serf. État de dépendance totale d'une personne soumise à une autre, d'un peuple, d'une nation soumis(e) à un(e) autre. Voilà pour la définition (Larousse et Robert)

Le sacrifice de Sékal pousse les Riddraks à réfléchir à leur position dans le conflit, alors que le roi Arkanor et ses hôtes font face au siège d'Othar de Vériel et de son armée hétéroclite de mercenaires d'Erden, de Drekkars et de fils de la Terre. De son côté, Kiromedon sort enfin de l'ombre, jugeant l'heure venue pour lui d'anéantir les hommes et de reprendre son bien...

C'est dans cette situation que les lecteurs retrouvent leurs héros. Cinq albums auront finalement été nécessaires pour mettre en place tous les éléments et préparer l'issue tant attendue. En prenant le temps de présenter chaque peuple, les auteurs ont construit avec brio un univers dense quitte à perdre les moins courageux de leurs lecteurs. Souvent rapprochée de A song of ice and fire, l’œuvre de George R.R. Martin, l'histoire s'en détache rapidement pour s'intéresser autant aux personnages qu'à l'enjeu du combat qui oppose les Puissances et les hommes à la Divinité Créatrice. Complexe, de part les rapports qui régissent ces divers clans, leurs organisations et les manipulations dont tous sont victimes, elle n'en reste pas moins compréhensible. Les nombreux compléments, présents en page de garde et intégrés avec intelligence (sous forme de chanson, de lettre, de lexique, de chronologies etc.) sont une mine d'or. Et une fois les liens (Drekkars-Dragons, Vanareks-Sirènes Fils de la Terre-Géants, Iccrins-Anges, Riddraks à l'écart) et les enjeux (la volonté de certains et celle de Kiromedon) dévoilés, tout s'enchaine et s'imbrique à merveille.

À l'occasion de ce Shalin - seconde partie, Éric Bourgier signe peut-être bien sa meilleure prestation. En constante progression depuis les premières cases, l'artiste montre qu'il ne s'endort pas pour autant sur ses acquis. Un découpage précis, collant parfaitement au rythme, des cadrages variés, offrant l'occasion de contempler le soin apporté aux décors et paysages (la vue plongeante page 13 !) et toujours ce travail sur les textures qui donne véritablement corps aux personnages. La gestion du sépia comme celle de la lumière, depuis longtemps maitrisées, sont encore une force à l'heure de la grande bataille qui compose le fil rouge de cet opus. Dynamique, précis et généreux, son trait est au diapason d'un scénario inventif et solide de bout en bout dans lequel il devient aisé de s'immerger. Si les plus chagrins reprocheront la fin précipitée de Kiromedon ou regretteront le temps de parution, cela ne doit pas masquer la cohérence de la saga ainsi que la volonté des auteurs de ne pas s'éparpiller (il y avait matière) ni s'écarter de leur ligne directrice. C'est aussi à saluer.

Servitude aura marqué les esprits tout au long de ses sorties. Avec cet ultime opus, Fabrice David et Éric Bourgier livre un volume à la hauteur de leurs ambitions. Soixante-cinq planches qui concluent en beauté et sur une note - colorée - d'espoir une série qui fera date dans le paysage fantasy du neuvième Art et offrira des heures de relecture.

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