Annick Tamaire 1. Tome 1

« Qu’elles sont mignonnes ces petites têtes blondes et sages avec ça ! Comme elles sont gentilles quand elles s’amusent pendant la récréation. Des vrais anges. » « Ah ouais ? Et mon pied dans ton cul, tu le vois aussi au milieu de l’image ? Dans ta face espèce de dinosaure mal dégrossi ! Ici, c’est la guerre aux cons et il y en a plus qu’il n’en faut. Alors dégages ! » Bienvenue dans le monde merveilleux d’Annick Tamaire.

Boule et Bill sont démodés, Titeuf est bien gentil, mais trop naïf et Mortelle Adèle finalement très complaisante ? Jonathan Munoz a trouvé une héroïne de rechange idéale avec Annick Tamaire. Au revoir les morales à deux sous et le politiquement correct, bonjour l’humour frontal sans concession. Ici les gags n’hésitent pas à frapper sous la ceinture et n’épargnent aucune susceptibilité. Lecture de genre à réserver à un public averti, ce recueil est un véritable concentré de vitriol du meilleur cru.

Méfiez-vous néanmoins des apparences, derrière la méchanceté contagieuse de la protagoniste principale se cache une véritable sensibilité, celle de l’innocence qui bien trop souvent est bafouée par une société égoïste et sans repère. Le vrai talent de l’auteur se trouve là. Oui, les réactions de la fillette s’avèrent jouissives toutes outrées qu’elles sont. Cependant, n’oubliez pas contre quoi elle se rebelle. Des parents perdus dans leur névrose et les vielles rancœurs, des règles sociales sans pitié ou incompréhensibles, c’est vraiment galère que de grandir parfois. Et puis, si c’est la loi du plus fort qui est de vigueur, il ne faut pas s’étonner de prendre quelques horions vicieux savamment placés. Vous êtes prévenus.

Hilarant ouvrage défouloir écrit et dessiné sur le fil du rasoir, ce premier tome d’Annick Tamaire fait autant froid dans le dos qu’il fait rire. Après Godman, une relecture toute personnelle des Évangiles, Jonathan Munoz prouve à nouveau que l’esprit Fluide cher à Marcel Gotlib est toujours bien vivant.

Moyenne des chroniqueurs
7.0