Sara (Ennis/Epting) Sara

S ara, Mari, Nata, Rina, Lydi, Vera, Darya. En cet hiver 1942, dans la blancheur maculée de sang du front russe, elles sèment la mort parmi l’armée allemande. Elles sont tireuses d'élite et, d’entre toutes, Sara est certainement la meilleure...

Dernière sortie hexagonale en date de TKO chez Panini comics, Sara est signé par Garth Ennis et Steve Epting… excusez du peu !

Sobriété et réalisme sont les deux mots qui viennent à l’esprit une fois cet album refermé. Sobriété pour le scénario de Garth Ennis qui, à partir d'évènements réels, sait en extraire une fiction qui porte sa propre dramaturgie avec ce qu’il faut de distanciation au sujet pour que cette histoire puisse apparaitre vraisemblable. Construit en trois temps et autour d’un narratif à la première personne, le scénario pose d’abord le contexte historique et introduit les différents protagonistes par touches successives dans une logique qui prend sens au fil des séquences, puis au cours des issues n°3 et n°4, développe l’ambivalence de son héroïne et du jeu de dupe dont elle est l’objet, avant de l’entrainer vers un final au suspens croissant. Les émotions qui animent ceux dont la Mère patrie fera, ou non des héros, sont dès lors perceptibles grâce au réalisme du trait de Steve Epting qui sait rendre compte de la détermination de chacun à vaincre et de sa résignation à mourir. Les encrages précis, les expressions justes ou les perspectives maitrisées comme le travail sur la couleur d'Elizabeth Breitweiser dressent alors un tableau vériste et graphiquement convaincant de cet épisode de la Grande Guerre patriotique.

Efficace dans son écriture, réaliste dans son graphisme, Sara est un drame d’autant plus captivant qu’il fait naître une forme d’empathie pour une jeune femme plus dépassée par ses ressentiments qu'imprégnée par son attachement à la grandeur de l’Union soviétique.

Moyenne des chroniqueurs
6.5