Mes quatre saisons 1. Volume 1

N icoby est un habitué des anecdotes autobiographiques (Nu, Une vie de papa !, À Ouessant, dans les choux, etc.). Dans Mes quatre saisons, il se raconte à travers le prisme du monde de la bande dessinée. Touche à tout, l’homme scénarise, dessine, contribue à l’organisation du festival Quai des bulles et se fait historien du neuvième art (La révolution Pilote, Mes années bêtes et méchantes et Dans l’atelier de Fournier). Le petit garçon n’est toutefois jamais bien loin quand il fouine dans les boites des bouquinistes pour trouver des numéros du journal Spirou et qu’il peine à contenir son trouble lorsqu’il croise Marcel Gotlib ou Yvan Delporte.

D’un épisode à l’autre, le créateur dresse un bilan de mi-carrière, avec ses hauts et ses bas. Au-delà de son parcours, il dépeint une industrie qui s’est transformée, mais qui a du mal à oublier les géants du passé que sont Franquin, Will ou Morris. Le locataire de l’Atelier Mastodonte caresse du reste le rêve de renouer avec cette époque mythique en réalisant une aventure de Tif et Tondu, en collaboration avec Jean-Christophe Menu, qui finit par se dégonfler. L’auteur se fera finalement plaisir en insérant dans l’ouvrage un court récit, sans prétention mais plutôt réussi, mettant en vedette le chauve et le barbu.

Le projet est découpé en quatre chapitres correspondant à autant de périodes. Le printemps est consacré aux débuts ; l’été et l’automne se ressemblent beaucoup et s’attardent à la vie d’un bédéiste établi qui n’a pas encore connu de succès majeur. Pour tout dire, cette structure apparaît un peu factice. En fait, elle semble n’avoir qu’un objectif : conduire à la froide saison qui conclut le recueil avec beaucoup d’émotion.

L’hiver tranche avec l’ensemble, mais pas tant que ça. Alors que sa mère souffre de la maladie d’Alzheimer, le fils lui présente de vieilles photos et lui demande de se souvenir de leur histoire et de celle des gens qui y figurent. Il en revient alors aux bases de son métier : conjurer l’oubli en s’exprimant avec des images et des mots.

Le dessin caricatural est sommaire, les personnages de Nicoby sont comme toujours composés de quelques traits, juste assez pour qu’ils soient facilement reconnaissables. L’album accueille par ailleurs différents autres travaux qui ne sont pas liés à son principal gagne-pain. Alors que son coup de pinceau demeure aisément reconnaissable dans toute son œuvre, il en profite pour affirmer sa polyvalence en intégrant une série de nus dévoilés à l’encre, puis quelques pages de croquis réalistes effectués dans un cimetière de voitures, comme s’il voulait rappeler qu’il est un artiste complet. Le livre commence d’ailleurs avec une vignette où un enseignant critique durement sa peinture et que l’apprenti se défend en expliquant qu’il s’oriente vers la bande dessinée.

Une réflexion sur l’univers des cases et des bulles, vu et vécu par un de ses artisans.

Moyenne des chroniqueurs
7.0