Le dernier dragon 3. La compagnie blanche

L ’exhibition d’un dragon par l’armée califale devant Saint-Jean d’Acre a brusquement concrétisé la rumeur autour de l’existence d’œufs de ces créatures quelque part dans le désert. La course pour localiser le nid est lancée. Suivant la piste de l’homme à l’origine de cette quête, Draga, la sorcière, prend la direction de Dendérah, accompagnée d’un guide arménien. Au cœur des ruines, elle découvre qu’Umas, la dragonnière, l’a devancée. Mais, rapidement, les deux femmes doivent collaborer pour atteindre leur but. En même temps, une troupe de mercenaires est mandatée par le représentant pontifical au Caire pour faire main basse sur l’objet de toutes les convoitises. Et, loin de là, Stali entame son initiation de drac en pénétrant dans les entrailles de Cinq Terres.

La fin des Cryptes de Dendérah avait laissé les différents fils de l’intrigue en suspens à un moment crucial. Ce troisième tome s’inscrit dans son sillage immédiat et rebondit sur les derniers évènements, tout en complexifiant encore le propos par l’implication de nouvelles forces. Le tableau des enjeux et des groupes d’intérêts ainsi brossé, Jean-Pierre Pécau peut, tranquillement, dérouler les nombreuses embuches qui parsèment le parcours sinueux de ses personnages. Si l’action ne manque pas et se trouve surtout représentée par les faits du groupe de reitres, la nécessaire alliance des rivales, Umas et Draga, retient l’attention. En effet, elle se double d’informations distillées petit à petit sur les pouvoirs singuliers liés à la mystérieuse dragonite. Les dialogues à fleuret moucheté du duo féminin fonctionnent d'ailleurs assez bien, malgré une ingénuité un peu trop marquée chez la cavalière de l’ordre et un charisme malheureusement atténué, car si les atouts de l'une et l'autre se complètent, leurs auras respectives tendent à se restreindre mutuellement. Quant aux interventions en aparté de leur compagnon de circonstance, elles prêtent, certes, à sourire, sans toutefois apporter grand chose sur le fond.

Associé à Léo Pilipovic pour la partie graphique de l’opus précédent, Lajos Farkas se trouve, cette fois, seul aux crayons, tout en pouvant de nouveau compter sur la mise en couleurs lumineuse de Thorn. Caractérisant bien les divers protagonistes, le trait de l’artiste souligne aussi leur expressivité, en les forçant, parfois, un peu trop. En parallèle, le découpage s’avère efficace et dynamique, tandis que les cadrages assurent une agréable alternance des points de vue. Il est dès lors dommage que le rendu de certaines attitudes ou postures paraissent moins réussi.

Se maintenant dans les pas des débuts de la série, La Compagnie blanche reste un divertissement honnête qui gagnerait à recevoir davantage de souffle épique.

Lire la chronique du tome 1.
Lire la chronique du tome 2.

Moyenne des chroniqueurs
5.0