Conan le Cimmérien 10. La Maison aux trois bandits

D ans cette cité-état perdue entre Zamora et Corinthia, les voleurs ne font pas de vieux os. Qu'importe, Conan accepte une mission dangereuse pour le compte de Murilo qui a entendu parler de sa réputation de mercenaire efficace. L'objectif est simple : éliminer l'adversaire politique de l'aristocrate, un prêtre rouge nommé Nabonidus. Cependant, dans ce jeu de dupes, qui trompe qui ?

Il fallait bien un spécialiste de Robert E. Howard pour cette nouvelle adaptation. Patrice Louinet ([url]http://www.cridutroll.fr/semaine-barbare-interview-de-patrice-louinet-traducteur-officiel-de-conan/[/url])
s'attaque au scénario de La maisons aux trois bandits, un épisode aussi cérébral que bourrin, à base de complot, de trahison et de manigance politique, le tout saupoudré de magie. Dans ce huis-clos poisseux et violent, le Cimmérien utilise certes son épée et ses poings, mais aussi sa cervelle, ce qui n'est pas plus mal car il serait dommage de réduire cette célèbre figure de la fantasy à une montagne de muscles. Finalement c'est un homme qui aime les plaisirs de la vie, l'argent et surtout, sa liberté, pas d'entrave pour les braves ! Quelques jolies séquences sans texte laissent respirer le récit et font la part belle au dessin.

S'il a peu d'albums à son actif (Trois souhaits, Catherine de Médicis), Paolo Martinello démontre néanmoins un véritable talent. Il propose une excellente partie graphique, avec notamment une maîtrise du découpage impressionnante et des points de vue urbains vertigineux. Son trait brossé accorde du relief aux décors et du mouvement aux personnages, sans jamais surcharger le résultat, même lors des scènes de carnage très bien orchestrées. La ville elle-même dégage une personnalité dense et intrigante. La colorisation, dans des tons chauds un peu passés, induit un petit côté oriental et mystique qui convient parfaitement à l'ambiance du texte. L'interprétation du héros s'avère tout à fait intéressante : plus réaliste dans la silhouette car moins bodybuildé et plus élancé, l'individu aux cheveux longs semble sauvagement redoutable et perspicace, mieux vaut ne pas le contrarier !

Le duo d'auteurs imprime sa propre patte tout en restant cohérent par rapport à l'œuvre originale dans cette aventure à la tonalité sombre et sanglante, portée par des illustrations d'une qualité indéniable et à un scénario rythmé.

Moyenne des chroniqueurs
7.0