Résumé: Ils sont apiculteurs, maraîchers, vignerons, bouchers... Ils sont tous fournisseurs d’Yves Camdeborde depuis des années, avec qui ils partagent le goût du bien manger et du bien produire. Une année de rencontres avec les producteurs favoris d’Yves Camdeborde, mise en dessin par Jacques Ferrandez : pour aller à la découverte de chasseurs de truffes, pêcheurs de brochet et vignerons aux quatre coins de la France. Une belle peinture de savoir-faire et de convivialité.
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hef vedette et médiatique, Yves Camdeborde invite les lecteurs et les gourmets à faire la connaissance de ses fournisseurs et amis. C'est bien connu, pour faire de bons plats, il faut partir de produits de qualité. Au fil des ans, il a tissé un réseau d'agriculteurs, crémiers, vignerons, mareyeurs et même couteliers qui partage avec lui la même philosophie : respect du terroir et amour de son métier.
Après En cuisine avec Alain Passard et Les Ignorants, les « foodies » ont de quoi se réjouir les papilles avec Frères de terroirs, une véritable ode aux ingrédients d'excellence. Par contre, pour les bédéphiles, le résultat est plus indigeste. En effet, le narrateur-cuisinier est tellement disert et le menu tellement riche que Jacques Ferrandez a bien de la peine à faire passer la sauce. La narration est verbeuse, incessante et, au final, envahissante. Camdeborde est un passionné volubile. Malheureusement, son enthousiasme, au lieu d'être contagieux, se révèle surtout assommant. Dans sa fougue, à vouloir tout présenter, il a oublié que de se retrouver autour d'une table et manger, c'est également savoir prendre son temps et profiter de l'instant présent.
Pour illustrer ce copieux tour de France gastronomique, Jacques Ferrandez (L'étranger, Carnets d'Orient) a privilégié les acteurs ou, plutôt, les multiples artisans croisés le long de ce périple. Ce choix, logique, mais quelque peu forcé par l'avalanche de détails historico-techniques, se fait au détriment des paysages et, paradoxalement, de la terre. Cette situation est regrettable, car quelques grandes illustrations supplémentaires auraient apporté un répit bienvenu pour l'estomac entre deux services gargantuesques. Le résultat est néanmoins lisible et finalement intéressant, bien que la construction générale de l'ouvrage souffre aussi de l’exubérance du « patron » : était-il vraiment nécessaire d'enrichir encore plus les propos en intercalant des recettes de cuisine entre les chapitres ? Parfois, le plus est l'ennemi du bien et l'indigestion à une noisette de beurre (salé) près...