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i>Le Dernier Jour d'un condamné est un roman de Victor Hugo publié en 1829 dans lequel l'auteur décrit les dernières semaines d'un homme condamné à mort. De ce prisonnier, peu de choses sont connues, ni son identité, ni les raisons de son séjour dans cette geôle. L'œuvre s'attache à dépeindre son quotidien, ses doutes, ses délires, ses angoisses, ses souffrances morales et physiques. Hugo a voulu son roman pas seulement comme une dénonciation des conditions de vie carcérale mais comme un véritable plaidoyer pour l'abolition de la peine de mort.
C'est grâce à la richesse et la diversité des dessins présentés sur son site que Stanislas Gros a été repéré par Jean-David Morvan qui dirige cette collection Ex-Libris aux éditions Delcourt. Ce dernier lui a proposé l'adaptation d'un monument de la littérature française, désormais tombé dans le domaine public.
Stanislas Gros a souhaité en faire une adaptation fidèle, et le roman d'Hugo n'étant pas très long, il n'a pas eu besoin de faire de grandes coupes. Le résultat final est d'une grande qualité car il a réussi à conserver l'esprit originel de l'œuvre, il décrit avec beaucoup de force les états d'âmes de ce personnage qui sait plus que jamais le jour et l'heure de sa mort. La force de cet album se trouve également dans le style graphique particulier de l'auteur, son trait en noir et blanc s'adapte parfaitement à cet univers carcéral si sombre, si humide. La souplesse de son dessin est parfaite pour dépeindre cette époque où la guillotine résonnait chaque jour accompagnée des cris d'une population venue voir les mises à mort comme elle assisterait à un spectacle. Avoir donné les traits de Victor Hugo à son personnage est un clin d'oeil supplémentaire à l'auteur. L'avantage de l'aspect visuel est que cela a permis à Stanislas Gros de représenter cette mort qui rôde et plane en permanence au dessus du condamné, cette astuce graphique renforce le côté dramatique et pesant du récit.
Le Dernier Jour d'un condamné est une adaptation très réussie qui met au goût du jour une œuvre marquante et poignante, qui a conservé son caractère intemporel et qui reste, malheureusement, toujours d'actualité quand la première puissance mondiale continue à exécuter des hommes et des femmes. Ce succès est aussi celui de Stanislas Gros qui signe là son premier album. Un petit tour sur son site permet de se rendre compte de la diversité de son talent et il ne serait pas surprenant de le retrouver prochainement dans des registres bien éloignés de celui-ci.
voir le site de Stanislas Gros
Les avis
Erik67
Le 01/09/2020 à 10:49:46
Je trouve que cette adaptation de l'oeuvre de Victor Hugo est plutôt très réussie. Ce vibrant plaidoyer contre la peine de mort m'a humainement touché aussi bien dans son aspect intimiste que sociétal. Je vois que ce thème reste encore d'actualité dans la plus grande démocratie au monde et dans de nombreux pays.
L'abolition en France a maintenant plus de 30 ans et c'est passé dans les moeurs comme quelque chose d'anachronique. Il en demeure pas moins que des condamnés attendent toujours dans les couloirs de la mort aux USA. C'est franchement pathétique et indigne d'un pays respectant les droits de l'homme et les libertés fondamentales.
Bien sûr, il y en aura toujours pour regretter le bon vieux temps ou s'intéresser uniquement à l'aspect victime en réclamant vengeance. Victor Hugo a été le premier grand penseur sur l'abolition de la peine capitale. Il a rappelé à juste titre que c'est la misère et l'injustice sociale qui sont à l'origine de la criminalité et que seule la répression ne suffira pas à l'endiguer.
On ressent effectivement beaucoup de colère et de tristesse à la fin de cette lecture. Elle offre une réflexion très intéressante. Charité et colère ne font pas bon ménage...