Angel (Montalbano/Bec) 1. Le sanctuaire des hérétiques :…

A ngel Cimarron n'est pas policier. Il n'est pas non plus détective privé. Et pourtant, alors que son métier le conduit dans une petite bourgade de la région des Carpates, ses maigres compétences en sa qualité de journaliste d'investigation vont l'amener à enquêter sur une succession de faits étranges, voire paranormaux. Et il se pourrait bien que tout ceci soit en rapport avec une purge ethnique datant de l'inquisition. Il n'en fallait pas davantage pour piquer sa curiosité et son flair.

L'entrée en matière de ce diptyque est une belle surprise et viendra faire démentir un résumé peu accrocheur. Christophe Bec, l'auteur de Carthago, de Le Monde perdu et de Ténèbres, réussit à faire d'une pierre deux coups avec plusieurs mystères et autant d'enquêtes. Il s'agit, pour son personnage, de démasquer qui se dissimule derrière une vengeance ancestrale et de mettre aujourd'hui un terme aux multiples agissements qui nuisent à la tranquillité de tout un patelin. Pour y parvenir, le lecteur suit avec un réel engouement le travail de ce reporter noyé au cœur d'une famille nombreuse et pour le moins nébuleuse. Caractérisé par une naïveté flagrante et une audace prononcée, le héros débonnaire s'emploiera également à remonter le cours du temps pour identifier qui étaient ces pauvres bougres qualifiés, à l'époque, d'hérétiques et pour comprendre qui fut à l'origine de leur extermination. Entre actes de vandalisme, de sorcellerie et phénomènes bizarres mais bel et bien réels, l'enquêteur devra être précautionneux et prendre en considération chaque élément qu'il glanera au fil de ses nombreuses rencontres.

Pour la partie graphique, le scénariste a placé sa confiance en Claudio Montalbano, un Transalpin méconnu, excepté une contribution sur les Filles de Soleil. Une prise de risque calculée et payante, preuve en est la très jolie couverture de l'album, laquelle suffit à elle seule à poser l'ambiance. Ainsi, et même si le trait demande à gagner en précision, le dessinateur honore de la plus belle des façons son premier grand rôle.

Sombre, énigmatique et bien ficelée, l'ouverture de ce polar aux accents slaves délivre une équation efficace et solide qui poussera son public à vouloir connaitre la suite.

Moyenne des chroniqueurs
6.0