L'espion de César 1. Memento mori

S oixante ans avant Jésus-Christ. Coax est un mercenaire gaulois dont le nouveau-né à été atrocement sacrifié au cours d'un rituel sauvage. Inconsolable, sa compagne et mère de la petite victime s'est donné la mort. Alors qu'il est capturé et fait esclave par les Romains, sa force et sa technique de combat dans l'arène lui valent d'être immédiatement repéré par le jeune Gaius Julius Caesar qui souhaite en faire son garde du corps et son espion. En échange de sa loyauté, il lui promet d'apporter toute la lumière sur l'assassinat qui le touche.

«Je comprends la vengeance, César, je ne comprends même que cela». Les propos cinglants du gladiateur sont sans aucune ambiguïté et résument à eux seuls le fil conducteur d'un premier tome convaincant. Après le revolver de Nevada Marquez, le gros calibre futuriste de Nash Tulsa, les protagonistes de la nouvelle série signée par Jean-Pierre Pécau auront désormais affaire au tranchant du glaive et aux biscotos de son personnage central. Alors que Rome est en passe de dire adieu à la république, un homme à la force et au courage exceptionnels n'a pas d'autre alternative que de consacrer le reste de son existence à retrouver et punir comme il se doit les assassins de son enfant. Un coup de pouce du destin va lui offrir l'opportunité de faire un pacte avec celui qui deviendra le futur dirigeant d'un empire incommensurable.

Si l'immersion peut s'avérer délicate et que quelques passages nécessitent la relecture, la suite va en se clarifiant. L'histoire est non seulement cohérente, mais elle parvient à piquer la curiosité à plus d'un titre. Alors, mise à part une vendetta ordinaire, quid Novi ? Pour commencer, il permet de suivre le parcours et l'ascension d'un général, en l'occurrence Jules César, au rang de dictateur. Ensuite, il y a cette alliance improbable entre le consul et un arénaire, qui plus est un proto-Celte vaincu et soumis. Si l'entente entre les deux individus paraît cordiale dès cette entrée en matière, nul doute qu'elle flaire l'embrouille par la suite.

Exceptées quelques contributions dans les sagas Jour J et L'Homme de l'Année, Max Von Fafner ne présente pas encore de réelles et grosses références artistiques. Son trait, appuyé, est souvent réaliste, abandonnant de sa précision lorsqu'il devient caricatural sur les gros plans. Ses cases et ses bulles, disciplinées comme une troupe de légionnaires, sont rangées en ordre de bataille tandis que les couleurs tamisées et ternes suffisent à donner l'éclat et la dimension au drame et la vengeance qui se jouent sous les yeux du spectateur.

Alea Jacta Est ! Memento mori - N'oublie pas que tu es mortel - est suffisamment armé pour faire plier plus d'un lecteur.

Moyenne des chroniqueurs
6.0