Les filles des Marins Perdus 1. Les Filles des Marins Perdus

À Plymouth, il y a deux adresses que tous les marins se doivent de connaître. Pour bien manger, c’est à l’Albatros qu’il faut aller. L’auberge est tenue par les sœurs Stevenson, les filles du célèbre capitaine. La cuisine y est excellente et l’ambiance particulièrement enjouée. Par contre, si ce sont des envies plus charnelles qui vous titillent, une visite au Pillar to Post est de rigueur. Cet établissement de classe est doté d’un personnel dévoué qui saura vous faire oublier vos longs mois en mer. Même si Rebecca n’est plus là, ses héritières ont su conserver et cultiver la même qualité et prévenance que l'illustre tenancière.

Un des albums marquants de 2016, Le port des marins perdus avait su charmer les lecteurs par son ton mêlant romantisme absolu et aventures maritimes. Heureuse surprise, Teresa Radice et Stefano Turconi ont décidé de proposer une suite à leur saga avec Les filles des marins perdus. Même si l’histoire s’enchâsse directement dans la fin de l’opus précédent (les deux premières planches chevauchent l’ultime conclusion du Port), le scénario prend immédiatement une nouvelle direction en se concentrant sur le Pillar to Post et sa faune bigarrée. Le maintenant capitaine Allali et Tané, le colosse mélanésien, déjà entre-aperçus jouent également des rôles majeurs. En effet, ils sont partie prenante d’une double intrigue passionnante en devenir et à conclure dans un tome ultérieur.

Autre changement, la couleur et un encrage léger font leur apparition. Ce choix esthétique accompagne un récit plus ancré dans le concret et moins marqué par la poésie pure et dure. Pas de panique néanmoins, les cœurs d’artichaut en auront pour leur argent : il y est toujours question d’amour et d’espoir. À cela s’ajoute des réflexions intéressantes sur les différences, les apparences souvent trompeuses et les préjugés qui s’y rattachent. Dommage que la morale qu’en tirent les auteurs s’avère un peu convenue, voire quasiment fleur bleue. Travailler de longues années chez Disney laisse des traces apparemment.

Réalisation superbe, dessins plein de panache et de mouvement, une distribution pléthorique totalement maîtrisée et peuplée de personnalités ô combien agréables, Les filles des marins perdus se montre aussi captivant que séduisant.

Moyenne des chroniqueurs
7.0