Les géants (Lylian/Drouin) 1. Erin

L a petite Erin a survécu à un terrible accident de voiture. Ses parents n’ont pas eu cette chance. L’adolescente prépare doucement ses cartons et se fait difficilement à l’idée de quitter son Écosse natale. Heureusement, son cousin Patrick est très attentionné. Il en va d’ailleurs de même de son oncle et de sa tante. La jeune fille a forcément du vague à l’âme, lorsqu’un jour, emportée par la bêtise d’une bande de gamins, elle se retrouve en mauvaise posture. Elle reçoit alors une aide providentielle de son protecteur, Yrso. Un géant, doux et calme. Une sorte d’esprit de la nature bienveillant. Seulement, comment un tel être pourrait-il rester loin des convoitises des hommes ? Et se peut-il que celui-ci soit seul ? Si cela n’est pas le cas, alors les autres créatures seront-elles aussi inoffensives ?

Dans l’euphorie de la rentrée littéraire, Glénat procède au lancement d’une saga destinée aux pré-ados. Le concept propulse six enfants provenant des quatre coins de la planète au cœur d’un combat ancestral opposant des entités gigantesques.Erin, du nom de l’héroïne rouquine, inaugure la série Les Géants en défrichant légèrement les enjeux. Ce tome se concentre avant tout sur son personnage principal en instaurant une narration très fluide. Le lecteur referme rapidement l’ouvrage en étant tout de même privé de suffisamment de matières pour susciter de réelles aspirations à en connaître davantage.

Pourtant, le script tente, par moments, de se démarquer. À ce titre, le récit laisse poindre quelques critiques du libéralisme et de son impact sur l’environnement. Précisément, les méfaits des multinationales sont visés à travers l’inconséquence de leurs dirigeants. En l’espèce, le magnat de la Crossland Corporation dilapide son argent afin d’acquérir des artefacts mirifiques ou de financer le transhumanisme. Par ce biais, l’écrivain Lylian (Méto, La quête d’Ewilan, Le Révérend) présente un antagoniste fort, à la fois âgé, impotent et caractériel. De quoi suggérer les innombrables défauts d’Alyphar, le monstre malveillant de cette épopée.

Le scénariste s’adjuge les services de ses comparses Paul Drouin et Lorien, respectivement illustrateur et coloriste. Les auteurs de La Famille fantastique et de L’Aventure fantastique se réunissent ainsi à nouveau et rendent une copie visuelle assez proche de leurs dernières réalisations. Le dessin assisté par ordinateur se singularise par l’expressivité des grands regards des protagonistes et dénote d’une influence prégnante de l’animation. Les contours noirs traditionnels sont abandonnés au profit de teintes moins tranchées, laissant la part belle aux ambiances polychromes à dominance de vert. Les compositions aérées assurent une parfaite lisibilité. Sans exceller, le rendu graphique est de bonne facture.

Ne manquant pas de rythme, ce premier volume souffre d’une intrigue légère et d’un recours trop évident à des séquences archétypales. La suite de l’odyssée est annoncée dans les semaines à venir, une sortie rapprochée qui vise à installer prestement une histoire qui révélera, sûrement, toute sa complexité dès les prochains opus.

Moyenne des chroniqueurs
5.0