Léo Loden 27. Sète à huîtres

P récurseur de ces séries télévisées du service public (Meurtres à …, Tropiques criminels, etc.) exploitant les régions et leurs particularismes pour nourrir de minces intrigues policières, Léo Loden est devenu au fil des tomes une entreprise qui ronronne tranquillement sans chercher midi à quatorze heures (apéro oblige). Sète à huîtres ne fait pas défaut et c’est à l’étang de Thau et dans ses environs que le sympathique limier se met en évidence dans ce vingt-septième tome.

Étienne, un ostréiculteur, a été retrouvé noyé au milieu de son exploitation. Concurrent jaloux du succès commercial de la victime, industriel courroucé par l’action militante écologique de celui-ci ou accident bête ? La liste des suspects est rapidement dressée et l’enquête démarre rondement. Celle-ci est évidemment agrémentée des épisodes obligatoires du titre : remarques et cuites de Loco, scène de ménage avec Marlène (voir plus bas), coup de main techno d’Amadéus et l’inévitable séance de poursuite et de tôles froissées. Afin de remplir ses quarante-quatre planches réglementaires, Loïc Nicoloff en profite pour dresser un topo sur l’activité ostréicole locale. Ce mini-reportage sur le comment et certains dessous peu reluisants de cet élevage coquiller se montre intéressant.

Éternelle parente pauvre, Marlène paie une fois de plus les pots cassés du formatage scénaristique de la collection. Simple personnage secondaire à la limite du faire-valoir, la tendre et chère du détective est rapidement renvoyée à la maison, réduite à s’occuper des jumeaux du couple par-dessus le marché ! La chose est entendue, le héros, c’est Léo (son nom est sur la couverture après-tout), mais voir une commissaire de police reléguée à changer les couches quand son mari court après les mécréants peut faire froncer les sourcils. Ici comme ailleurs, les stéréotypes ont la vie dure.

Aux pinceaux, le métronome Serge Carrère (vingt-sept albums + deux hors série en vingt-huit ans) offre comme à son habitude une copie solide. Impressionnantes grandes cases aériennes, mise en page nerveuse (malgré un découpage très serré) et ce talent pour la caricature, l’ensemble s’avère des plus vivants et dynamiques. Les très efficaces couleurs de Cerise apportent ce qu’il faut de lumière pour souligner l’atmosphère unique de ce coin de la France.

Les habitués ne seront pas déçus, les autres hausseront peut-être les épaules devant certaines facilité du récit. Cela étant, Sète à huîtres remplit toutes les coches de son contrat, humour et innombrables coups de blanc sec compris.

Moyenne des chroniqueurs
5.0