Radium Girls Radium girls

1918. Une nouvelle ouvrière arrive à l’United State Radium Corporation, une usine de montres du New Jersey. Edna va rapidement intégrer les «Ghost Girls», groupe composé de Grace, Katherine, Mollie, Albina et Quinta. Leur tâche principale consiste à figurer les chiffres des cadrans avec la précieuse peinture Undark au rythme de deux cent cinquante pièces par jour. Entre elles, l'ambiance est bon enfant, elles font la fête, s'amusent à se peindre les ongles, les lèvres ou les dents quand le soir arrive. C'est drôle, ça brille dans l'obscurité ! Enfin, elles rient moins quand des premiers symptômes étranges apparaissent.

C'était l'époque où les crèmes pour le visage au radium vantaient ses vertus, où le Charleston battait son plein, où le droit de vote pour les femmes apparaissait... Mais ce fut aussi, il ne faut pas l'oublier, l'histoire d'un scandale, d'une injustice navrante, dans la lignée d'un combat entre David et Goliath. Cyrielle Evrard (Le vrai sexe de la vraie vie) met en images le destin de quelques-unes de ces demoiselles qui ont travaillées sans protection jusqu'à en perdre la vie dans de terribles conditions et tout cela, en pleine conscience des autorités sur le danger encouru. La narration se révèle très habile dans sa progression, de l'insouciance et de la légèreté des filles, puis le ton se noircit et se durcit, menant à la tragédie. Les personnages féminins sont réellement attachants, l'empathie se crée naturellement et le lecteur, qui les suit dans leur quotidien, souffre avec eux dans l'impuissance et la fatalité. Malgré ce traitement, ces combattantes gardent toute leur dignité et leur luminosité, jusqu'à la fin.

Sur une mise en page simple en gaufrier, entrecoupée de pleines pages inspirées, les crayons de couleurs esquissent avec élégance et une certaine naïveté les acteurs dans cette ambiance des «années folles», bien retranscrite par les décors, les costumes et les coiffures.

Belle initiative que cette mise en lumière d'un scandale humain comme il y en eût, et il y en aura encore, dans le sombre récit de l'humanité.

Moyenne des chroniqueurs
7.0