L'oiseau rare 1. Eugénie

P aris, 1898. Les aléas de la vie et un terrible drame ont relégué Arthur, Tibor, la jeune Eugénie et leurs compagnons dans la Zone qui entoure la capitale. Pour survivre, ces anciens artistes pas encore complètement apaches organisent des petites combines et autres arnaques de rue. Une pièce par ici, une bourse bien garnie par là, il faut ce qu’il faut quand le sort vous a relégué du mauvais côté des barrières. Malgré la misère, il y a aussi des bons moments, comme quand ces idiots de Gégé et Gros Louis ont fauché un tigre à un cirque de passage ! Quelle rigolade ! Par contre, pas certain que la maréchaussée apprécie vraiment ce genre d’humour.

La collaboration Cédric Simon – Éric Stalner continue de plus belle. Après plusieurs adaptations littéraires (Pot Bouille, La Curée, Rémi sans famille) et une escapade dans la science-fiction (eXilium), le duo propose avec L’oiseau rare un récit hautement dramatique sentant bon Émile Zola et Hector Malot. Des personnages forts, courageux, mais marqués par la fatalité, un cadre grandiose et romantique, il ne manque qu’une machination pour que Fabien M fasse une apparition au détour d’une ruelle. Il n’en est rien et ce premier tome reste terre à terre avec des péripéties très classiques et des protagonistes bien calés dans leurs rôles respectifs.

Le tout est emballé par des dessins soignés et précis. Stalner avance évidemment en terrain connu. Il offre, comme à son habitude, un excellent travail de reconstitution – les spécialistes reconnaîtront quelques clichés célèbres qui lui ont servi de base – et une attention toute particulière a été observée pour les héros. Certes, leur jeu est un peu forcé par moments, mais quelle humanité dans les regards et quelle espérance chez cette petite Eugénie !

En résumé, du bel ouvrage graphique au service d’un récit mêlant gouaille de circonstance avec une bonne dose de pathos, L’oiseau rare débute bien et devrait séduire les amateurs de beaux romans et de belles illustrations.

Moyenne des chroniqueurs
5.5