Ad Romam 1. Le trophée d'Auguste

P ar un soir d’été, quatre chenapans franchissent la grille entourant le Trophée d’Auguste, un monument situé dans la commune de La Turbie, tout près de Monaco. L’un d’entre eux, Antoine, ramasse une pièce à l’effigie du chef d’État qui le conduit en 16 avant Jésus-Christ, où il s’incarne dans la peau d’un militaire participant à une bataille contre les Celto-Ligures. Il y retourne avec ses amis, et même accompagné d’un enseignant. Le phénomène permet également aux lycéens de découvrir le début du XVIIIe siècle, où ils croisent Louix XIV.

Écrit à six mains (Hubert Prolongeau et Arnaud Delalande, de même que l’historien et journaliste Yvon Bortello), le récit navigue entre deux eaux. Le cœur du projet est évidemment didactique ; les auteurs semblent cependant souhaiter rendre l’anecdote plus attrayante en y incorporant des adolescents d’aujourd’hui. L’album n’atteint pas tout à fait ses objectifs. D’une part, le propos historique, centré sur un seul événement, manque de perspective. Une préface aurait sans doute pallié ce manque. D’autre part, le lecteur ne s’attache pas à aux gamins à leurs préoccupations contemporaines en porte-à-faux avec les enjeux d’hier. Enfin, le prétexte du caillou magique qui transporte les gens en fonction de l’époque étudiée dans leur manuel d’histoire ne convainc pas.

Le dessin réaliste de Boris Talijancic demeure utilitaire. La reconstitution des lieux et des tenues vestimentaires s’avère rigoureuse ; le trait se montre toutefois hésitant et imprécis. Il faut reconnaître que l’artiste y perd au jeu des comparaisons avec Uderzo (Astérix) ou Jacques Martin (Alix), qui ont tous deux représenté l’Antiquité avec maestria. Une construction simple assure la fluidité de la narration.

Destiné aux enfants âgés d’une douzaine d’années, Ad Romam pourrait tout de même constituer un agréable complément à la visite du site touristique ; ce livre a d’ailleurs bénéficié du soutien des autorités locales.

Moyenne des chroniqueurs
5.0