Le serment de l'acier 1. Une gloire fantôme

U ne flèche déchire la nuit. Un homme s’affale. Au petit matin, la garde de Torrède découvre que Gassan Queyrel, l’un des Faucons du prince et héros de la guerre, a été assassiné. Appelée sur les lieux, Estèla Ascensal s’attelle à sa tâche de limier. Les indices convergent vers un tireur d’origine sylvestre, un peuple pourtant allié aux Onarques. Tandis que la jeune femme poursuit ses recherches et pressent qu’elle devra mettre à contribution ses dons particuliers, une autre guerrière se lance sur la piste d’un scribe porté disparu. Pour cela, elle se joint à une caravane de Romanis qui traverse les territoires des Lithis, les ennemis d’hier. Se pourrait-il qu’au bout du compte, tout soit lié ?

Après plusieurs collaborations avec Serge Carrère (Les Elfées, Cerbères, L’hériter des étoiles), ainsi que deux one-shot (L’héritage du Chaos, Gueules cassées) sous le pseudonyme de Weissengel, Gwenaël (Marcé) signe un diptyque dont le premier tome vient de paraître chez Drakoo. Expliquant s’être inspiré du conflit qui a déchiré la Yougoslavie pendant une décennie, l’auteur déploie une double intrigue ancrée dans un univers fantastique encore meurtri par les luttes qui ont dévasté les peuples du Vaste Pays. Tandis que l’un des fils narratifs débute en ville par un meurtre et se poursuit à la manière d’une enquête urbaine, l’autre engage le lecteur dans la découverte des terres avoisinantes et des populations bigarrées qui y habitent. Le tout se décline sur une toile de fond où les rancœurs, les luttes pour le pouvoir et les faux-semblants enflent progressivement, laissant rapidement percevoir que la vérité n’est ni simple ni jolie, bien au contraire.

Le récit se déroule en alternant le pistage d’Estèla dans la cité, allant de l’exploration des bas-fonds aux plus hautes sphères, en passant par l’indispensable bibliothèque, et le voyage d’Aelis qui l’amène à croiser les différentes ethnies en présence. Bien rythmé, il entraîne facilement le public dans le sillage des deux héroïnes, cependant il pâtit de quelques évidences un peu trop marquées. Par ailleurs, alors que la jeune enquêtrice suscite intérêt et curiosité du fait, entre autres, des dons singuliers qu’elle possède, la guerrière, quant à elle, fait plus pâle figure et doit beaucoup à son association avec Vuk, le Romani. Les autres protagonistes sert le propos à bon escient, mais reste en deçà.

Côté graphisme, le trait d’Elisa Ferrari illustre agréablement l’histoire, en mettant l’accent sur l’expressivité des personnages. L’artiste italienne campe des figures bien caractérisées et offre un travail intéressant sur les costumes et les décors. Les cadrages sont variés et le découpage assure une assez bonne dynamique d’ensemble, malgré des séquences d’action moins réussies, car trop figées. Enfin, la colorisation d’Axel Gonzalbo complète le tout en apportant des ambiances en adéquation avec les différentes scènes.

En dépit de quelques bémols, Une gloire fantôme constitue une entrée en matière plaisante pour Le Serment de l’acier et pourra plaire aux adolescents.

Moyenne des chroniqueurs
5.0